L'art du pépiniériste viticole en vidéo
« C’est vraiment plus un partenaire qu’un fournisseur », affirme Thomas Gardan, chef de culture au Domaine Belargus à Saint-Lambert du Lattay (49). Ce simple constat bouscule les idées reçues : avant même la première vendange, le pépiniériste s’impose comme un acteur stratégique. Il ne contribue pas uniquement à fournir des plants, il co-construit avec le vigneron le projet de viticulture sur le long terme.
Guillaume Careil, pépiniériste expérimenté, illustre cette synergie : « On travaille main dans la main pour que ça fonctionne. On a fait le choix ensemble. » Ce choix ne se borne pas à un simple appel de commandes, c’est une réflexion sur plusieurs années, parfois une décennie. Comme le confie Thomas Gardan,: « On a un plan de plantation sur 10 ans », intégrant arrachage, complantation de parcelles vieillissantes ou moins qualitatives, et surgreffage des ceps selon les spécificités du terroir.
La technicité prime : « On a testé avec notre doigt si la greffe prenait », note le chef de culture, soucieux des détails — longueur des racines, qualité du greffon, adaptation aux outils disponibles. Chaque décision est calibrée au plus juste, car « un mauvais porte-greffe sur une parcelle qui n’est pas adaptée… au bout de 10, 15, 20 ans, on se rend compte qu’on s’est trompé ».
Le pépiniériste n’apporte pas seulement des plants : il injecte son expertise pour anticiper les enjeux futurs. « On a une vision un peu plus lointaine par rapport aux enjeux, notamment liés au changement climatique » explique Guillaume Careil. Le matériel végétal devient un outil de résilience, pensé pour durer, que l’on ajuste selon l’évolution des pratiques viticoles ou des contraintes environnementales.
Des échanges réguliers nourrissent cette collaboration : un appel de deux minutes parfois suffit à résoudre une incertitude technique. « On s’appelle, on travaille à d’autres approches… on a besoin de ça ». Cette disponibilité réciproque renforce une relation de confiance rare dans le monde agricole.
Finalement, le pépiniériste devient un partenaire de la vigne, non un simple fournisseur. Il est celui qui équipe, qui anticipe, qui conseille, et même qui accompagne les réflexions de sol, les analyses pédologiques, les décisions de plantation. Il tient une place aussi discrète que cruciale : sans lui, la vigne manquerait de fiabilité, de cohérence et de pérennité — les piliers nécessaires pour que le vin puisse un jour raconter une histoire.