L'art du pépiniériste viticole en vidéo
En novembre et décembre de l'année n-1, dès que les premières gelées surviennent les pépiniéristes entament la première étape de la fabrication des plants : la récolte des bois - porte-greffes et greffons- . « On attend la chute des feuilles pour que les bois soient bien aoûtés et disposent de bonnes réserves », détaille Giovanni Varelli, le président de Vitipep's, la marque label de la pépinière viticole française. Les vignes-mères de porte-greffes sont la plupart du temps conduites en tête de saule avec des rameaux de plusieurs mètres qui courent sur le sol. Les pépiniéristes coupent les bois au ras de la souche, les tirent jusqu’à l’extrémité de la parcelle et les ramènent à l’atelier. Quelques pépiniéristes palissent les vignes-mères de porte-greffes soit sur table, soit sur fil comme une vigne classique, afin de pouvoir mieux gérer l'herbe en travaillant les sols. C'est le cas de Guillaume Careil des pépinières Viaud basées aux Garennes sur Loire dans le Maine et Loire. "On palisse les porte-greffes sur fil comme une vigne classique. Comme on travaille en agriculture biologique, cela nous permet de travailler les sols. La difficulté est d'arriver à faire grimper les bois le plus droit possible pour après bien les travailler et éviter qu'on passe trop de temps à les récolter. Pour cela on garde un fil de fer pour apporter de la rigidité et on attache les bois avec de la ficelle. Lors de la récolte, une personne retire en amont les ficelles de palissage, une autre coupe les bois, une autre les tire et une dernière les met en fagots et les charge dans la remorque pour les amener à l'atelier", explique le pépiniériste angevin.
Une fois ramenés à l'atelier les bois sont ébourgeonnés et débités à environ 30 cm pour les greffés-soudés traditionnels. Ils sont également triés « On écarte tout ce qui est trop fin ou à l’inverse trop gros pour avoir des calibres compris entre 7 et 14 mm », précise Giovanni Varelli.
La récolte des greffons dans les vignes-mères s’opère au même moment que la récolte des porte-greffes. Les pépiniéristes coupent les sarments à leur base et les ramènent en atelier où ils sont débités à un œil. Ces bois sont également triés pour éliminer ceux trop petits ou trop gros.
Les boutures de porte-greffes et les greffons peuvent être traitées à l'eau chaude, opération que pratiquent les pépinières Viaud. Les bois sont ainsi plongés dans un bain à 50 °C pendant 45 minutes pour éradiquer les phytoplasmes de la flavescence dorée et du bois noir.
Les bois sont ensuite conservés dans un lieu frais et humide en attendant d’être greffés. Dans le cadre du programme Origine financé par le PNDV et qui implique plusieurs partenaires (Inrae, IFV, Chambre d'agriculture du Vaucluse...), les experts ont montré que la teneur en eau des bois était capitale pour la reprise au greffage et dès 15 % de perte même en réhydratant les bois au greffage, cela impactait le taux de reprise. Ils ont également montré que ce sont les bois conservés en chambre froide à 2°C dans des sacs microperforés qui se dessèchent le moins, ce qui favorise une meilleure reprise en pépinière. En revanche, ils ont montré que la date de débitage par rapport à la date de récolte n’a pas d’influence sur les futurs taux de reprise dès lors que les bois sont conservés dans de bonnes conditions.
En mars-avril de l'année n, les pépiniéristes réalisent le greffage qui consiste à assembler le greffon et le porte-greffe pour former un greffé-soudé. L'objectif est de bien calibrer le greffon avec le porte-greffe pour avoir le même diamètre. L’opération est manuelle et s’effectue sur table. Dans plus de 90 % des cas, les plants sont greffés en oméga. «La machine va faire un emporte-pièce en oméga et en même temps assembler le porte-greffe et le greffon", indique Guillaume Careil. Les plants sont ensuite paraffinés pour consolider le point de greffe et éviter la déshydratation.