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Les vins du Beaujolais croient dans la pérennisation de leurs fortes valorisations
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Avec réserve interprofessionnelle
Les vins du Beaujolais croient dans la pérennisation de leurs fortes valorisations

Calquant son ambition tarifaire sur les crus de Bourgogne et du Rhône Nord, le nouveau président d’Inter Beaujolais fait du maintien des prix son objectif de long terme. Avec la volonté de piloter l’offre à la méthode champenoise grâce à une réserve interprofessionnelle.
Par Alexandre Abellan Le 22 juillet 2023
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Les vins du Beaujolais croient dans la pérennisation de leurs fortes valorisations
« Je vais passer à présent de pilote à co-pilote » résume David Bulliat, à gauche, échangeant son poste de président avec celui de vice-président de Philippe Bardet (à droite), qui lui répond « tu ne pars, on reste en binôme ». - crédit photo : Vins du Beaujolais, Fabrice Ferrer
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renant la présidence de l’interprofession des vins du Beaujolais (InterBeaujolais), le négociant Philippe Bardet n’a qu’un mot d’ordre : préempter le positionnement des « nouveaux grands vins de terroir ». Martelant cette ambition lors de son assemblée générale, ce jeudi 20 juillet, le directeur général de la maison Jean Loron souligne le repositionnement réussi des vins de la région : « je sens un souffle nouveau, l’impression que l’on nous envie ce Beaujolais, le vignoble à ne pas manquer, le modèle des vins abordables, élégants, fruités, charnus, gourmands, sans excès, conviviaux… » Succédant au vigneron Daniel Bulliat, qui prend lui-même le poste de vice-président précédemment occupé par le nouveau président d’InterBeaujolais, Philippe Bardet souligne l’accélération ces dernières années des mutations de la filière. À commencer par les valorisations (plus ou moins "digérées", voir encadré).

Si les mandatures passées misaient déjà sur la premiumisation, l’effet de « petites récoltes ont poussé les Beaujolais dans un ascenseur parfois un petit peu vertigineux, mais qui nous a permis de sortir de notre catégorie habituelle » souligne Philippe Bardet, pour qui « depuis deux ans on a inversé le sens du commerce : autrefois, on était vraiment obligé d’aller vendre nos vins, pour l’instant on fait la queue pour les avoir. » En dehors du vin en vrac, le président de l’interprofession cite des vignerons ayant passé la limite des 80 €/col : « nous avons réussi à faire sauter le plafond de verre des prix., c’est le plus important. Notre modèle est à aller chercher dans les grands vins de Bourgogne et du Rhône du Nord. »

Si tous les acteurs jouent le jeu…

Alors que la perspective d’une vendange 2023 généreuse pourrait déséquilibrer les cours dernièrement stabilisés, Philippe Bardet veut croire dans la solidité des fondations de cette augmentation des cours : « je reste persuadé que si tous les acteurs jouent le jeu, la valorisation actuelle est tenable sur un temps long. Notre style de vin plait, notre segmentation vin de fête, de caractère et d’exception est maintenant compris par la plupart des opérateurs et a permis de casser la domination du Beaujolais Nouveau qui nous entraînait toujours à la vision d’un petit vin pas cher. » Pour Daniel Bulliat, la valorisation a tout pour devenir structurelle grâce à de nouvelles hiérarchisations des appellations : « la montée en gamme participe au renforcement de notre identité en positionnant clairement les différents aspects qualitatifs de nos vins. La volonté de nos vignerons des Pierres Dorées de demander une Dénomination Géographique Complémentaire (DGC), les Beaujolais Villages qui travaillent sur des noms de communes et des crus sur la reconnaissance de lieux-dits prouvent l’importance de ce défi à relever. »

Revers commerciaux

S’affirmant en dehors des stéréotypes du vin nouveau, toutes les appellations du Beaujolais affichent de belles valorisations… Mais aussi de nets reculs commerciaux en volumes, comme les autres vins français. Que ce soit à l’export ou en grande distribution, « les indicateurs de vente sont mauvais depuis six à douze mois » reconnaît Philippe Bardet, pour qui cela reste logique : ces chiffres étant liés aux petites récoltes 2021 et 2022, à l’inflation, à la déconsommation… Pour Philippe Bardet, « la baisse de consommation de vin rouge est réelle dans le monde. Elle touche énormément en France les régions de Bordeaux et de la Vallée du Rhône, ce qui implique des changements majeurs dans ces gros vignobles rouges, qui vont devoir faire leur révolution. Nous dans le Beaujolais, la révolution on l’a derrière nous. »

Une évolution qui semble se poursuivre, avec la réduction continue des surfaces. Philippe Bardet estime que « que la perte en surface de gamay que l’on connaît, c’est un drame pour la région. » Fixant l’objectif de retrouver une production de 600 000 hectolitres de vins dans le Beaujolais (par la plantation et l’amélioration technique des rendements*), tout en la diversifiant avec des objectifs de 50 à 60 000 hl de vins blancs et 30 à 40 000 hl de vins rosés d’ici 10 ans. « Diversifier sa production, c’est accroître ses marchés » souligne Daniel Bulliat, qui plaide également pour une diversification des circuits de commercialisation : « pour continuer à valoriser nos appellations, nous devons cibler un développement à l’export. A mon avis c’est prioritaire. Une plus forte implantation dans le réseau traditionnel français. Et une concertation efficace avec la GD pour qu’ils nous changent de catégorie de prix. »

Notre camp, c’est celui de la valorisation

Estimant que le Beaujolais a réussi à équilibrer offre et demande, Philippe Bardet estime qu’« il faut que l’on maintienne le cap sur la premiumisation du Beaujolais, c’est notre seule porte de sortie parce que le marché d’entrée de gamme sera toujours tenu par les grandes régions (du sud de la France, d’Italie, d’Espagne, d’Australie, d’Afrique du Sud…). Il faut que l’on choisisse notre camp, et c’est celui de la valorisation. » Ainsi que de la régulation plaide le président d’InterBeaujolais : « en cas de forte récolte 2023, le niveau des stocks retrouvé risque de peser sur les cours du vrac. Et je pense qu’aucune de nos familles n’a intérêt à voir un yo-yo dans les cours. La fierté retrouvée de nos Beaujolais passe par des tarifs qui vont toujours vers le haut, jamais vers le bas. » Pour Philippe Bardet, le dispositif de stabilisation idéal serait la réserve interprofessionnelle. Un outil qui ne fait pas l’unanimité dans le vignoble, parmi les Organismes de Défense et de Gestion (ODG).

Un sujet fait consensus parmi les producteurs : le défi du renouvellement de génération. Pour Daniel Bulliat, « le problème de la transmission des exploitations devient de plus ne plus récurrent. Malgré la reprise du vignoble, malgré l’augmentation des vins, on trouve encore des vignes qui n’ont pas preneurs. Plus de la moitié du vignoble doit changer de main d’ici 10 ans. Ça fait au moins 5 ans que je dis ça, mais c’est toujours vrai. » Le mot d’ordre reste inchangé : « installez-vous en Beaujolais ! »

 

* : Les outils techniques du Beaujolais vont être mobilisés pour améliorer la fertilisation des sols, adapter la conduite des vignes contre le changement climatique, etc.

 

 

"La répercussion de la hausse des cours n’est pas complétement digérée"

Ces dernières campagnes, « les hausses du cours du vrac ont été soudaines et parfois non-maîtrisées, mais c’est quand même la preuve que la demande de nos vins est forte » pondère Philippe Bardet, soulignant que « la répercussion de la hausse des cours n’est pas complétement digérée. Il y a un certain nombre de distributeurs qui ont arrêté les références Beaujolais, nous faisant perdre des volumes de manière presque définitive. » Le négociant regrette également qu’« un certain nombre d’opérateurs n’ait pas pu ou voulu répercuter les hausses tarifaires et ont vendu à perte, si l’on compte vrac et matières sèches. Ce n’est pas normal. La famille négoce a vu ses marges Beaujolais diminuer fortement. »



 

 

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