vec une augmentation de 20% de la rétention en eau dans les sols et un poids moyen de 1,4 kg de grappes par cep contre 0,9 kg dans les rangs témoins, la jeune société Mycophyto a de quoi se réjouir des résultats de ses essais mis en place sur 200 pieds de grenache au Château Sainte-Roseline, dans le Var.
« Nous sommes en effet très contents, confirme Ludivine Alenda, responsable communication et marketing de l’entreprise, mais nous ne pouvons pas nous arrêter à une seule année de récolte pour conclure sur l’effet de la mycorhization pour lutter contre la sécheresse ». Une prudence partagée par Constance Cunty, du Centre du Rosé, qui a suivi les essais. « Nous devons confirmer ces résultats en 2023 ».
La start-up provençale a identifié des champignons mycorhiziens arbusculaires naturellement présents dans les sols du domaine. « Nous les avons mis en culture, multipliés, et réinoculés sous forme de poudre dans des tranchées creusées au pied des vignes sur quatre rangs séparés de quatre rangs de garde » décrit Ludivine Alenda.
Les racines se sont associées à ces champignons. En échange de sucres issus de la photosynthèse, les mycorhizes lui ont permis d’aller chercher de nutriments plus en profondeur dans le sol. « Les mesures des sondes tensiométriques de Weenat placées dans le sol au niveau des plants mycorhizés et témoins ont également montré que les champignons ont fonctionné comme des micro-éponges et maintenus un certain confort hydrique ».
Alors qu’il a plu en 2022 40% moins que sur la moyenne des quatre millésimes précédents dans la région du Château Sainte-Roseline, au Muy, la mycorhization a maintenu le rendement. « D’après les comptages sur 30 ceps réalisés par le Centre du Rosé, le nombre de grappes n’a pas augmenté mais leur poids a augmenté de 45% » poursuit Ludivine Alenda. Les champignons n’ont pas eu d’effet sur l’acidité et la qualité des vins. « En évitant les blocages de maturité, ils ont simplement légèrement fait grimper le TAVP ».
Aidées par l’intelligence artificielle, les équipes de Mycophyto sont actuellement entrain de caractériser des centaines de souches de champignons. « Au lieu de faire du « sur mesure » chez chaque client, comme nous le faisons actuellement, nous vendrons des cocktails de champignons adaptés aux objectifs des viticulteurs (résistance à la sécheresse, diminution de la pression phytosanitaire…) et à leurs terroirs ». Cette « industrialisation » permettra à la start-up de baisser ses coûts de production et de rendre ses solutions accessibles aux vignerons de toutes les régions.