nstallée depuis la seconde guerre mondiale dans les locaux qu’elle occupe actuellement, rue de Sillery, un peu à l’écart du centre-ville de la ville des Sacres, la maison « Abelé 1757 », nom qu’elle porte depuis la fusion des groupes coopératifs Feuillatte et Castelnau, ne veut plus se cacher.
Après une période de travaux nécessaires (les locaux datent, eux, de 1872) et une phase transitoire depuis l’épidémie de Covid-19, la maison de négoce rémoise est prête à reconquérir le coeur des consommateurs en misant sur une renaissance. Inscrite au coeur du mastodonte qu’est le groupe Terroirs et Vignerons de Champagne (6 000 adhérents pour 3 000 hectares de vignes soit 9 % du vignoble champenois), c’est pourtant « seule » qu’elle trace sa route. Avec une capacité de production de 300 000 bouteilles, là ou les marques du groupe sont « millionnaires », la petite maison est gérée indépendamment.
« Nos vins ne sont pas ceux de Feuillatte ou Castelnau, ici, nous maîtrisons l’intégralité de nos approvisionnements grâce à un réseau de vignerons partenaires », explique Étienne Eteneau, chef de caves de la maison Abelé 1757.
Indépendante, également dans le choix de ses réseaux de distribution, aujourd’hui plutôt orienté CHR, Abelé 1757, doit pourtant regagner ses lettres de noblesse, mises à mal avant le rachat par le groupe coopératif Feuillatte alors qu’elle était aux mains du géant catalan, Freixenet.
« Freixenet aimait la sucrosité, nous nous sommes libérés de l’emprise du cava en réajustant les dosages notamment », ajoute Étienne Éteneau.
Si le travail de fond peut-être long, Abelé 1757, dispose des moyens nécessaires pour arriver à ses fins.
Dans un positionnement qui se veut « luxe et accessible », le même que celui que porte Feuillatte avec le lancement de ses cuvées premium, la marque qui dispose de 27 hectares d’approvisionnement (elle ne possède pas de vignes), compte sur la refonte et l’habillage de ses vins pour séduire.
Vins de réserve, vieillissements prolongés, cuvées « d’esthètes » dont la plus emblématique « Le Sourire de Reims », (existe en rosé et brut) en référence à l’Ange au Sourire de Reims, statue bien connue des rémois.es située sur le portail nord de la façade occidentale de la cathédrale, la méthode Abelé ne diffère pas tant des autres maisons mais réside plus dans sa perspicacité à porter le changement.
Avec une gamme courte mais « quali », celle qui exporte 40 % de ses volumes à l’étranger souhaite étendre sa visibilité.
Déjà présente sur des marchés ciblés, notamment en Australie et en Asie, la marque rémoise compte conquérir le Japon et les États-Unis (courant 2023), premier marché à l’export en valeur (501,9 millions d’euros pour 20,8 millions de cols en 2020 - Source Comité Champagne).