e pétage de plombs aurait pu entraîner des conséquences bien plus graves humainement. Judiciairement, « trois coups de feu, trois ans de prison pour le viticulteur » résume le Midi Libre, ayant suivi l’audience correctionnelle, ce premier mars au tribunal judiciaire de Nîmes (Gard), du vigneron Benoît Dardé, à la tête du château la Grande Cassagne (80 hectares en appellation Costières de Nîmes), pour violences avec armes (une victime ayant été touchée par des plombs de 6 à la tête et à l’épaule). La nuit du 16 novembre 2020 (entre 22h30 et 23 heures), Benoît Dardé a tiré avec son fusil de chasse sur une voiture stationnant sur son domaine, après que son fils ait demandé aux deux occupants d’en partir.
Condamné à 3 ans de prison, dont 2 ans avec sursis, à l’interdiction de posséder une arme à feu, pour 10 ans, et à des dommages et intérêts, dont les préjudices corporels et psychologiques sont en cours d’évaluation, le vigneron Benoît Dardé indique à Vitisphere ne pas faire appel « pour tourner la page ». Martelant regretter son « geste malheureux », le vigneron explique les trois coups de feu au fusil de chasse par une accumulation d’évènements : la fatigue des vendanges, le stress des ventes en berne avec la crise covid et l’usure des vols et visites peu scrupuleuses qui sont récurrents sur son domaine (dégradation de compteurs d’irrigation, vols de gazole et de batteries… « Deux jours avant, il y a avait des vols sur la propriété d’un voisin »).
Le lundi 16 novembre 2020, « j’ai tiré en l’air et ils sont partis. J’ai tiré deux fois sur le véhicule. Je ne pensais pas avoir fait autant de dégâts sur la voiture (casse de la vitre arrière, de la glace de custode, du hayon…) et encore moins touché quelqu’un » indique Benoît Dardé.


Ces tirs marquent à vie les deux victimes. « Les deux personnes dans le véhicule ont eu énormément de chance. Ils auraient pu perdre la vie. Il est difficile pour eux de voir sortir [le tireur] après le jugement. Ils ont des séquelles, ne comprenant pas ce déchaînement de violence. Alors que rien dans leur comportement n’aurait pu le déclencher » rapporte maître Karim Derbal, la défense des deux occupants de la voiture (appartenant au frère d’une victime). Pour l’avocat, l’explication de ces coups de feu n’est pas convaincante : « la qualification raciste n’a pas été retenue comme une condition aggravante par le juge d’instruction. Il me semble qu’il y a quelque chose de disproportionné dans le fait de tirer trois coups de feu vers un véhicule en fuite. La peur ne peut pas tout expliquer. »
Rejetant tout soupçon de racisme, le vigneron précise ne pas avoir vu les occupants de la voiture cette nuit. Si le volet pénal de ce dossier s’achève, une audience doit avoir lieu pour fixer les montants des préjudices pour les parties civiles.