Les champenois auraient pu tailler la semaine prochaine et sauver leur récolte du gel » assure Alain Deloire, professeur à l’Institut Agro de Montpellier. Sa collègue Anne Pellegrino et lui misent sur le concept d’acrotonie des sarments de vigne et conseillent de tailler après le débourrement.
« Sur un long sarment de vigne, entre 6 et 12 nœuds, et avant la taille, les bourgeons latents situés au sommet du sarment vont se développer en premier en inhibant quelques jours le développement des bourgeons de la base » indique Alain Deloire.
D’après des essais réalisés à SupAgro en 2020, on peut tailler jusqu’à 10 jours après la date « normale » de débourrement, soit 30 à 50% de débourrement observé, sans effets sur les autres stades phénologiques et sur le rendement final en raisins.
Cette fenêtre peut varier de quelques jours en fonction du climat. « Après le débourrement, la croissance des rameaux primaires et la vitesse de développement des bourgeons latents dépend de la température moyenne journalière » explique Alain Deloire. Les réserves carbonées seront épuisées moins vite dans les régions fraîches.
« En Champagne, il faut plus de jours pour passer du stade pointe verte au stade 5 feuilles étalées que dans le Midi » illustre le professeur.


Les vignerons qui voudront tenter l’expérience au printemps 2022 devront respecter quelques principes. Il ne faut pas prétailler. « L’acrotonie est efficace au-delà de 5 bourgeons par sarment, et l’idéal est d’en avoir au moins 8 » indique Alain Deloire, qui conseille également de ne pas coucher ou arquer les sarments. « Ils doivent rester en position verticale pour ne pas casser l’acrotonie ».
Il faudra aussi qu’ils aient les moyens logistiques de tailler l’ensemble de leur vignoble en quelques jours.