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« Si Yanmar a accepté de vous dévoiler son robot, c’est vraiment qu’il tient la route, assure Mathieu Liebart, responsable des domaines expérimentaux du Comité interprofessionnel des vins de Champagne (CIVC), croisé ce vendredi 24 septembre derrière le Centre Vinicole Nicolas Feuillatte. Contrairement aux start-ups qui ont besoin de communiquer, c’est une entreprise solide qui n’a pas besoin de trouver des fonds pour innover. »
Après 3 ans de développement, le constructeur Japonais, reconnu pour ses tracteurs, moteurs marins et engins de travaux publics a quasiment finalisé son quatrième prototype du YV01, un enjambeur autonome dédié à la pulvérisation dans les vignes étroites et pentues de Champagne, de Bourgogne, ou du Val de Loire, larges de 1 à 1,5 mètre.


Monté sur deux chenilles et haut d’1,6 mètres, le robot ne paye pas de mine. « Il pèse tout juste une tonne et est très facile à transporter sur une remorque, sans permis particulier » détaille Junko Buguet, responsable marketing et commercial de Yanmar.
Pour la sécurité des opérateurs et la protection de la vigne, le YV01 est équipé de deux détecteurs LiDAR, une technologie similaire au radar à la différence qu’elle utilise le laser au lieu des ondes radio. Il embarque en plus deux sonars à ultrasons, et, presque au niveau du sol, deux bumpers qui arrêtent le robot en cas de choc physique.
Contrairement aux robots Ted ou Bakus, celui de Yanmar roule sur deux chenilles à deux roues motrices grâce à un moteur essence de 27 CV à transmission hydrostatique, auquel les viticulteurs sont plus habitués. Son réservoir de 17 litres lui confère environ 4 heures d’autonomie et sa cuve lui permet d’embarquer 200 litres de bouillie phytosanitaire, de quoi traiter un peu plus d’un hectare.
A l’arrière, il embarque deux descentes conçues par un partenaire japonais, chacune ayant sa turbine et six buses.
« L’orientation des 12 buses TXA800050VK à turbulence permet de traiter les deux faces du rang enjambé et les deux faces d’à côté. Le pulvérisateur fonctionne électriquement. Il est chargé à 9 000 volts pour que les gouttelettes chargées négativement soient attirées par la végétation » poursuit Junko Buguet, précisant que l’ampérage bas évite le risque d’électrocution.
Le robot est chargé, et déchargé de sa remorque à l’aide d’une télécommande filaire. Même chose pour l’emmener à la vigne. L’un de ces collègues développeur du robot nous en fait la démonstration.
A la vitesse de 4 km/h, le YV01 arrive rapidement dans la parcelle choisie pour la démonstration du jour. Les contours de cette dernière ont précédemment été arpentés à pied pour tracer la carte q’uil va suivre. L’écartement des vignes a également été renseigné dans le logiciel du robot.


Une fois sur place, le développeur range la télécommande pour en sortir une nouvelle sans fil qu’il presse pendant 3 secondes. Sa hauteur ne se règle pas, mais le robot démarre en se plaçant parfaitement au-dessus du feuillage dans le premier rang. Au bout il pivote et réalise un demi-tour en très peu de manœuvres, pour repartir rapidement dans le rang suivant.
« Les deux GPS RTK de Trimble placés sur son toit assurent une précision à 2,5 cm. Le travail est parfaitement réalisé, et les tractoristes n’ont plus besoin de suer sous des EPI » reprend la responsable marketing.
Si la cuve n’a pas été remplie pour cette démonstration, le tour au vignoble permet de se rendre compte de la grande maniabilité de l’engin.
Suivi à distance sur tablette ou smartphone, le robot de Yanmar corrige automatiquement le dévers à 19 % et peut travailler dans des vignobles jusqu’à 45° de dénivelé.
L’entreprise le dévoile au grand public ce 12 octobre sur le salon Viteff. L’an prochain, elle en proposera quelques unités en démonstration, avant de le commercialiser à plus grande échelle en 2023, au tarif de 99 000€.
Yanmar travaille déjà sur la possibilité d’adapter le robot à des vignes plus larges et de le faire travailler le sol ou réaliser d’autres opérations en vert.
Junko Buguet et ses collègues ont pris un bureau à Epernay et sont en train de recruter une équipe de techniciens SAV. « Et nous avons déjà de nombreux contacts avec les concessionnaires » conclut-elle.