’hiver est revenu cette semaine, ramenant les pleurs dans les vignes. Pas au bout des ceps taillés, mais dans les yeux des vignerons et vigneronnes qui ont passé la semaine à scruter les prévisions météo, leurs nuits à lutter contre les gelées et leurs matinées à découvrir les dégâts sur leurs parcelles. En témoigne la bouleversante vidéo d’Émilie Faucheron, vigneronne dans l’Hérault, dévastée en découvrant ses vignes brunies par une nuit à -6°C.
Après trois nuits de gelées successives (mardi 6, mercredi 7 et jeudi 8 avril), avec des températures allant parfois jusqu’à -9°C, les premières remontées témoignent de situations catastrophiques sur des pans entiers du vignoble : Bordeaux, Bourgogne, Champagne, Jura, Languedoc, Provence, val de Loire, vallée du Rhône... S’il est encore impossible d’estimer précisément les dégâts, 80 % du vignoble serait affecté à des degrés variables selon le Comité National des Interprofessions des Vins (CNIV). Les douloureux souvenirs des gels historiques de 2017 et de 1991 sont déjà évoqués pour mesurer l’ampleur des pertes de récolte attendues.
Dramatique, la catastrophe laisse groggy un vignoble qui encaisse depuis des années les coups du sort, des difficultés export à la crise sanitaire qui n’en finit pas. Déjà lourdement éprouvée, la résilience du vignoble est de nouveau soumise à rude épreuve. D’autant plus qu’une nouvelle vague de froid est annoncée pour les prochains jours. Alors que la nation se porte au chevet de son vignoble martyrisé par les cieux, les appels à l’aide se multiplient pour soutenir les entreprises mises à mal et investir dans l’adaptation du vignoble aux effets du changement climatique.Face à un gel qui s’annonce déjà historique, la filière vin doit être entendue pour être soutenue à sa juste valeur. « Ce n’est pas dans mes habitudes de me lamenter, mais là franchement les tripes elles me prennent » témoigne dans sa vidéo Émilie Faucheron, parlant au nom de tous les gens du vin.