es automobilistes qui empruntent la D938 pour relier Fontenay-Le-Comte à La Rochelle ne peuvent pas louper la nouvelle serre de 4 hectares des pépinières Mercier lorsqu’ils arrivent à hauteur de Montreuil, en Vendée.
L’intérieur est spectaculaire. De part et d’autre d’une allée centrale qui semble sans fin, des centaines de rangées accueillent chacune 172 pains de fibre de coco desservis par des mètres et des mètres de goutte-à-goutte. Les équipes du pépiniériste ont fini de les poser juste avant la trêve des confiseurs.


Dans quelques jours, ces mêmes équipes planteront huit boutures de vigne dans tous les pains. Au total, la serre en abritera 220 000. « La disposition des plants, la chaleur du soleil et la fertirrigation vont nous permettre de produire en un an autant de greffons que 32 hectares de parcelles de vignes-mères en 3 ans » assure Olivier Zekri, responsable innovation et process de la pépinière.
Mercier teste la plantation hors-sol depuis 4 ans. Le pépiniériste a commencé à toute petite échelle, en se faisant la main sur une cinquantaine de plants, « avant de roder les protocoles d’apport d’eau et de nutriments l’an passé sur 40 000 greffons » reprend Olivier Zekri.
La demande soutenue pour les variétés résistantes a fini de convaincre le conseil d’administration de lancer les travaux fin 2019. « Les ResDur 1 commencent seulement à être diffusées alors que les ResDur 2 arrivent. Nous avons le nathy sauvignac, demain nous aurons d’autres variétés, nous souhaitions gagner en réactivité. »
En plantant sous serre, l’entreprise gagne deux ans sur le cycle de production des greffons. Et Mercier s’affranchit des 12 années de repos des sols. « Nous allons pouvoir nous adapter beaucoup plus facilement au marché sans mobiliser des terrains vierges pour des cépages qui ne seront peut-être finalement que très peu demandés. »
Le pépiniériste avait également la volonté de reprendre le contrôle sur la qualité de ses plants. « C’est d’ailleurs cette approche sanitaire qui a été à l’origine de nos réflexions, indique Olivier Zekri. Actuellement nous nous fournissons en greffons chez des milliers de viticulteurs en France et dans le monde pour proposer quelques 1 600 combinaisons de greffage à nos clients. Et nous voyons de plus en plus de parcelles se faire déclasser pour défaut de traitements contre la flavescence dorée ou d’autres viroses. Nous perdons aussi l’agrément sur le bois de ceux qui se convertissent au bio et arrêtent les insecticides. C’est un vrai casse-tête, sans parler des déclassements liés au court-noué ou à l’enroulement… »
Dans le cadre du Plan national contre le dépérissement de la vigne, Mercier entend aussi profiter de sa nouvelle serre pour travailler sur le virus GPVG.


La culture hors-sol a d’autres avantages. « Elle va faciliter la logistique, réduire l’empreinte carbone de l’entreprise et améliorer les conditions de travail des salariés car certaines opérations pénibles comme la découpe des greffons vont pouvoir être mécanisées » illustre Olivier Zekri.
Mais elle n’est pas sans risque. « Nous allons produire plus vite, mais comme tout est concentré au même endroit, nous pourrions également vite tout perdre. » Olivier Zekri redoute par exemple une attaque de thrips ou une défaillance dans les systèmes de pilotage de la fertirrigation ou de l’ouverture des toits ouvrants.
Mercier va recruter l’équivalent de 25 temps plein pour s’occuper des jeunes plants. « Ils devront faire preuve d’une attention de tous les instants » conclut le responsable innovation.