lus ses racines sont courtes au moment de la plantation, plus la vigne va chercher de l’eau et des nutriments loin dans le sol. C’est la conclusion à laquelle la Chambre d’agriculture du Vaucluse vient d’arriver après un essai réalisé dans le cadre du projet Origine du Plan national de lutte contre le dépérissement du vignoble.
En avril 2018, à l’aide d’une machine Wagner, les conseillers viticoles ont planté 120 plants avec différentes longueurs de racines : 0 cm, entre 4 et 5 cm, entre 8 et 10 cm, ou plus de 20 cm. Ils les ont arrachés en octobre dernier pour observer leur développement et mesurer leur poids.
Au fil de leurs trois années de pousse, les racines longues se sont davantage enchevêtrées. « Elles ont formé un plus gros « chignon ». Le phénomène est particulièrement visible sur les plants qui avaient des racines de plus de 20 cm », explique Nathalie Protet, chargée de mission à la Chambre. Les racines rases et celles de 4 à 5 cm se sont développées en étoile, poussant plus en profondeur, « alors que le pli donné aux racines plus longues lors de la plantation a imprimé un sens de pousse préférentiel ».
En 2013, la Chambre d'agriculture avait d’ailleurs comparé des plants plantés manuellement avec les racines soit placées sur le côté, comme l’aurait fait une machine, soit disposées en étoile, soit coupées à ras. « Quatre ans plus tard, les racines placées sur le côté ne prospectaient le sol que sur un rayon de 40 % autour du plant, contre 65% pour les racines coupées à ras et 76% pour celles disposées en étoile ».
Il a longtemps été admis que les racines longues permettaient une meilleure reprise des plants de vigne. « Cela peut aider au développement des complants dans un sol très concurrencé, mais ce n’est pas vrai pour les plantations nouvelles » assure la chargée de mission. « Il semble au contraire que des racines longues à la plantation augmentent le risque de mortalité. Nous souhaitons le vérifier en plantant une nouvelle rangée de vigne avec différentes modalités de longueur de racines que nous arracherons dans 10 ou 15 ans ».
Cet essai a déjà permis à Nathalie Protet de constater que les plants plantés avec des racines courtes rattrapaient rapidement leur retard de développement. « Il y a un mois le poids total des racines mises en terre en 2018 était de 220g pour les plants plantés à 0 cm, 240g pour des racines de 4 à 5 cm, 250g pour la modalité 8 à 10 cm, et 280g pour les racines d’origine de plus de 20 cm » témoigne-t-elle.
Pour la Chambre d’agriculture, le mieux est donc de planter avec des racines les plus courtes possible. Nathalie Protet rappelle d’ailleurs qu’avant le développement des machines il y a 15 ans, les plantations étaient réalisées avec des racines coupées à ras.
Elle insiste aussi sur la nécessité de bien préparer le terrain. « Après une défriche, il faut éclater le sol en le travaillant en profondeur et extraire un maximum de racines. 20 à 30 cm suffisent sur une parcelle qui n’était pas cultivée quand la croûte n’est pas trop compacte en dessous ».