ne dizaine de représentants de la filière CHR de l’Aude s’est réunie hier à la maison des Vignerons à Narbonne pour faire part de son inquiétude face aux mesures de fermeture anticipée des bars, cafés, restaurants, prises dans plusieurs départements. « Les pouvoirs publics n’ont pas appréhendé l’impact en cascade sur tous les acteurs de la filière qu’aurait la fermeture anticipée de nos établissements. Si je devais fermer à 23 h, j’enregistrerais une baisse d’activité de 30 %, que je serais obligé de reporter sur tous mes fournisseurs. Après les trois mois de fermeture imposée durant le confinement, cette mesure mettrait en péril bon nombre d’entreprises de notre secteur », a lancé Cyril Buesa, associé du bar le Rive Gauche à Narbonne.
Une inquiétude partagée par l’ensemble des représentants autour de la table, y compris le syndicat des vignerons de l’Aude et la FDSEA. « Le CHR représente 95 % de nos ventes. Nous sommes donc particulièrement concernés et solidaires de cette initiative. Nous sommes par ailleurs nous-même restaurateurs à Carcassonne. Nous avons mis en place toutes les mesures pour mettre en sécurité notre personnel et nos clients. Qu’on nous fasse confiance et qu’on ne nous rajoute pas des barrières supplémentaires alors que la situation est déjà très compliquée » a témoigné Eric Soulard, directeur commercial de la cave Anne de Joyeuse à Limoux.
« Notre département est la quatrième destination touristique française. La filière CHR représente 9 000 emplois. Même si on a fait une bonne saison, nos établissements enregistrent une perte moyenne de 50% de leur chiffre d’affaires. Cette fermeture anticipée à 23 h aurait des conséquences dramatiques sur l’ensemble de la filière, déjà fragilisée. Durant le confinement, nous avons travaillé trois mois pour mettre en place une charte, Aude vacances sereines, afin de sécuriser l’accueil dans nos établissements. Mieux vaut que nos clients restent au-delà de 23 h dans nos établissements où nous appliquons tous les gestes barrière, plutôt qu’ils terminent la soirée à l’extérieur, en dehors de tout contrôle sur le respect des règles sanitaires » a plaidé Thierry Deniau, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie de l'Aude (UMIH).
Ces professionnels ont sollicité un rendez-vous avec Madame la Préfète de l’Aude pour trouver des solutions permettant de sauvegarder l’économie de cette filière. « Le virus est là pour un moment. Il faut apprendre à vivre avec et trouver les solutions qui nous permettent de continuer à travailler et maintenir des lieux de vie, de rencontre et de convivialité, dont tout le monde a bien saisi l’importance durant le confinement » ont insisté ces professionnels.