a dérogation autorisant le traitement du mildiou par hélicoptère dans les vignes de l’Aude et de l’Hérault, inaccessibles par voie terrestre, est parue au journal officiel du 23 mai. Suite aux fortes précipitations tombées mi-mai dans l’ouest biterrois et dans la plaine de l’Aude, une partie du vignoble n’était plus praticable en tracteur pour effectuer les traitements anti-mildiou. Les chambres d’agriculture des deux départements avaient donc déposé le 15 mai dernier une demande de dérogation pour un traitement aérien des parcelles concernées. Le délai de traitement administratif de cette requête n’a pas permis de répondre à l’urgence de la situation.


« Cette décision intervient beaucoup trop tard. Quand nous en avons fait la demande, nombreux étaient nos adhérents qui voulaient recourir au traitement par hélicoptère pour protéger leur vigne contre le mildiou. Certaines parcelles étaient en fin de couverture. Il fallait une intervention en urgence. Aujourd’hui, le mal est fait. La maladie a explosé dans ces parcelles qui n’ont pu être traitées, où l’on compte 60 à 70 % de perte de récolte. Dans d’autres parcelles, nos viticulteurs se sont débrouillés comme ils ont pu pour passer avec des chenillards ou des quads. Aujourd’hui le traitement par hélico n’intéresse plus qu’une poignée d’adhérents sur des surfaces trop limitées pour qu’il soit économiquement supportable », déplore Didier Loubatières, le président de la cave de Coursan. Cette grosse coopérative, qui compte 3000 ha de vigne sur les communes de Coursan, Narbonne, Armissan, Vinassan Cuxac, Salles et Fleury d’Aude, a eu 1800 ha inondés suite à l’augmentation du débit de l’Aude. « Les déversoirs mis en place pour protéger la population des inondations évacuent le trop plein d’eau dans nos vignes. Nous ne contestons pas cette protection des populations, mais quand elle a des effets désastreux sur notre activité, on aimerait qu’on nous prête une oreille plus attentive », regrette le président.
Autre problème : la disponibilité des hélicoptères. « Au moment des fortes pluies, avant les chaleurs qui ont suivi, plusieurs appareils assuraient le traitement anti-moustique dans la région et auraient pu facilement être mobilisés. Mais depuis, ils ont été appelés sur d’autres chantiers prévus de longue date, notamment pour blanchir les serres », indique Jean Michel Morin, directeur commercial de la société Magne.
Enfin la dérogation ne fait pas l’unanimité au sein de la profession. Dans un communiqué publié ce lundi 25 mai, la Confédération paysanne s’inquiète « de l’image véhiculée par cette initiative pour les vins du Languedoc. La mobilisation des chambres d’agriculture de l’Aude et de l’Hérault sur ce dossier est totalement disproportionnée avec les attentes des vignerons qui doivent faire face à des problèmes économiques dus à la crise du Covid ». Le syndicat annonce son intention de saisir la justice administrative avec France Nature Environnement et ECCLA.