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Accords et désaccords vignerons sur la distillation de crise du coronavirus
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Vins excédentaires
Accords et désaccords vignerons sur la distillation de crise du coronavirus

Un crève-cœur pour les uns, un outil nécessaire pour se débarrasser de volumes restés sur le carreau pour les autres : l’idée d’un plan distillation est loin de faire l’unanimité. Ambiance dans le bordelais, en Alsace, en Languedoc Roussillon, et dans la Loire.
Par Colette Goinère Le 20 avril 2020
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Accords et désaccords vignerons sur la distillation de crise du coronavirus
L

a distillation ? Le mot l’insupporte. Pas question pour Fabien Ribereau, à la tête des vignobles éponyme, 50 ha, AOC Bordeaux à Cadarsac, en Gironde, de faire appel à ce procédé pour désengorger le marché : « la distillation n’est pas envisageable, elle va à l’encontre de notre métier, de notre philosophie de vigneron. Elle dévalorise nos produits, notre appellation. Et si on fait le calcul, la distillation nous ramènerait à 700€ du tonneau » explique-t-il (un plancher actuellement atteint sur le marché spot). En dernier ressort il pourrait se résoudre à y recourir si une de ses cuves présentait un problème de qualité dû à une défaillance technique.

Une position ferme qu’il défend malgré les difficultés de l’AOC Bordeaux. « Il n’y a plus de rentrée d’argent, les dépenses s’accumulent. On fait appel à des prêts de trésorerie » lâche-t-il. Toute sa production (2 000 hl) écoulée à 100 % en vrac auprès de trois négociants, lui reste pour l’heure sur les bras. Au-delà des taxes Trump, du Covid-19, le vrai problème est ailleurs pour ce viticulteur : « nous ne sommes pas suffisamment performants sur le plan commercial. Nous souffrons d’un manque de compétitivité ».

Moindre mal

En Alsace, à Kintzheim, cette viticultrice qui préfère garder l’anonymat, se voit contrainte de recourir à la distillation. 160 hl de sa récolte 2018 qui ne trouvaient pas preneurs auprès du négoce, vont prendre le chemin de la distillerie.  « Et tout ça pour trois sous » confie-t-elle. « C’est la dernière roue de secours quand on ne peut pas faire autrement. Mais sur le principe je ne suis pas favorable à la distillation. Nos vins ont été vendangés à la main. Ce n’est pas facile de les laisser partir en distillerie. C’est même un crève-cœur» reconnait-elle. La propriété de 10,5 ha produit au global un équivalent de 100 000 bouteilles dont 40 000 cols écoulés auprès des particuliers. Le reste en vrac. Aujourd’hui elle s’interroge sur l’opportunité de mettre en bouteille sa récolte 2019. « J’ai plus de 50 000 cols en stock, du 2016 et du 2017, qui ne partent pas. Alors je suis prête à ne pas mettre en bouteille et à vendre toute ma récolte 2019 en vrac. Par rapport à la distillation, ce serait un moindre mal » rapporte-t-elle.

Au sud de l’Anjou, à Passavant-sur-Layon, Claire Lecomte du château Passavant, 50 ha en biodynamie, une production de 2 000 hl dont 400 hl dédié au vrac, le répète : « la distillation n’est pas une bonne solution, cela ne peut être que l’ultime recours, une porte de sortie éventuellement pour des vins en stock depuis deux ans et qui ne trouvent pas de débouchés suffisants comme pour certains muscadets ou sauvignons de Touraine ».Château Passavant qui exporte à 30% à l’export, 30 % en restauration, idem chez les cavistes, et 10 % aux particuliers, est à l’arrêt. « Nous ne vendons rien, nous n’avons pas de vision, c’est très compliqué » indique-t-elle. Dès le premier jour du confinement, la propriété a fait appel aux banques. « Elles nous suivent » confie Claire Lecomte.

Vider les cuves

Aux Vignobles de Vendéole, (352 coopérateurs, 4 700 ha, 320 000 hl, 80% en IGP Oc,) la plus grosse cave coopérative du Languedoc-Roussillon, son directeur Olivier Ambry se dit favorable à la distillation : « elle va permettre d’apurer le marché. D’un point de vue conjoncturel, c’est un bon outil pour se débarrasser de volumes qui ont beaucoup de mal à trouver preneurs. Imaginez une prochaine récolte abondante qui va venir se surajouter à des stocks qui ne sont pas partis. Il y a aura des difficultés à vinifier. Dans ces conditions la distillation viendra résorber ce sur volume ». Mais attention prévient-il : « cela ne règle pas le problème de fond, qui est structurel et qui mérite que l’on réfléchisse vraiment à ce déséquilibre de l’offre et de la demande ».9 0% de la production des vignobles de Vendéole a pour débouchés Vinadeis, mais aussi les négociants Castel, Grands chais de France. Olivier Ambry a fait les comptes : entre 10 et 20 000 hl de la récolte de la récolte 2019 pourraient être concernés par la distillation.

Tags : Covid
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Tous les commentaires (1)
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vinifera Le 21 avril 2020 à 19:26:54
Qui peut croire que la distillation peut faire plaisir à un vigneron ! Nous faisons du vin pour donner du plaisir, pas pour faire du carburant. Mais aujourd'hui, nous ne sommes plus dans des considérations philosophiques mais dans une crise profonde. Les causes sont multiples mais les solutions à court terme sont peu nombreuses. Alors, je vous en prie, arrêtez de cracher dans la soupe et acceptons , au même titre qu'une industrie aéronautique, automobile ou énergétique, que l'état et l’Europe nous viennent en aide. Libre à chacun de prendre ou de ne pas prendre la bouée que l'on nous lance ! Cessons de faire croire que cette distillation ne servira qu'à ceux qui l'utiliserons car épurer les stocks profitera à tout le monde, même à ceux qui préfèrent mourir la tête haute. Je pense que la fierté aveugle et parfois hypocrite, doit laisser place au pragmatisme.
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