epuis janvier, la Chine est confrontée au nouveau coronavirus, une maladie qui se répand rapidement et qui, selon les données officielles, a contaminé plus de 40 000 personnes. Au moins 60 millions de personnes, de l'épicentre dans la province de Hubei jusqu’aux autres provinces chinoises, sont sous confinement, beaucoup d’entre eux en quarantaine, ce qui les empêche de voyager, de travailler et de faire des achats.
Dans toute la Chine, les usines et les entreprises ont reporté leur ouverture pour limiter la mobilité des personnes. Des sociétés internationales telles qu'Apple, Ikea et Starbucks ont provisoirement fermé leurs magasins. L'épidémie a également poussé des pays et des compagnies aériennes mondiales à suspendre les vols directs vers la Chine, y compris Hong Kong et Macao, car la maladie se propage dans plus de 27 pays et régions.
Les conséquences de l'épidémie sont si néfastes que de nombreux économistes et groupes de réflexion revoient à la baisse l'objectif de croissance pour la Chine : bon nombre d’entre eux s'attendent désormais à ce que ce taux de croissance passe sous la barre des 6 %.
Les ventes de vin pendant l'épidémie, qui a coïncidé avec le Nouvel An chinois, la fête la plus importante en Chine, devraient connaître une chute « vertigineuse », prévient l'organisme officiel chargé des boissons.
Dans le domaine du vin, des événements prévus en février et mars en Chine continentale et à Hong Kong ont été annulés en série, y compris l'événement phare de la Fine Wine Experience, le symposium Burghound, qui devait se tenir en mars à Shanghai, Pékin et Hong Kong.
Plus important encore, il a été annoncé que le principal salon professionnel du secteur chinois des boissons à Chengdu a été reporté à cause de l’épidémie. L'année dernière, la China Food and Drinks Exhibition (Chengdu) a attiré 200 000 visiteurs professionnels à l’occasion de son principal salon en mars, pour plus de 6 000 exposants.
Ce report n’est pas de bon augure pour les importateurs, distributeurs et caves, qui passeront ainsi à côté d’une occasion importante pour écouler leurs stocks d’ici la fin de l’année. Les marchands de vins, qui croulent déjà sous les stocks de l’an dernier, courent ainsi un risque supplémentaire, les problèmes de trésorerie ne faisant qu’accroître leurs difficultés.
Il reste à savoir si le report du salon de Chengdu aura un effet d'entraînement sur Vinexpo Hong Kong en mai de cette année. Les visiteurs en provenance de la Chine continentale étant limités dans leurs déplacements et les vols vers la Chine et Hong Kong étant annulés, les caves devront peser le pour et le contre avec plus de diligence que jamais, a fortiori dans un contexte où le nombre de patients infectés continue d'augmenter.
Le principal détaillant de boissons 1919.cn a temporairement fermé plus de 600 magasins en Chine, et un groupe de réflexion chinois a estimé que le nouveau coronavirus entraînera une perte de 8 à 15% des ventes dans le secteur des boissons.
Il ne fait aucun doute que la semaine des Bordeaux En Primeur, prévue en avril, ressentira le contrecoup de l'épidémie. La Chine, qui réduit déjà ses achats de Bordeaux en primeur en raison du ralentissement économique et de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, va probablement diminuer de nouveau ses achats, si tant est que les Chinois se déplacent à Bordeaux cette année pour la semaine des Primeurs.
Les vins australiens, dont le succès jusqu’à présent sur le marché chinois a fait des envieux, risquent aussi de pâtir de l’épidémie et Wine Australia a revu ses prévisions de ventes.
À ce stade, quasiment tout le monde en est certain, les ventes au premier trimestre de cette année auront très certainement souffert. Mais la grande question que se posent les commerçants, c’est de savoir si les effets vont perdurer tout au long de l'année.