Nous demandons à ce que les politiques se battent pour supprimer la taxe américaine » a martelé le président de la FEVS, Antoine Leccia, ce 12 février au salon Vinexpo à l’occasion de la présentation des chiffres export français. Les Etats-Unis représentent un marché de 19 millions de caisses de vin, en croissance de 4,4 % pour un chiffre d’affaires de 1,8 milliard d’euros en hausse de 10,3% (en 2019). Ils sont le premier marché en valeur de la France pour une part de marché de près de 20 % du total des expéditions étrangères hexagonales.
Mais, si ces chiffres apparaissent de prime abord positifs, ils cachent un coup d’arrêt très net des importations américaines des vins français suite à la taxe de 25 % instaurée par l’administration Trump le 18 octobre dernier. Ainsi, si les expéditions françaises y ont progressé durant les trois premiers trimestres 2019 (atteignant les +18,3 % au troisième trimestre au moment où les opérateurs se sont couverts en prévision d’une hausse des taxes), le dernier trimestre 2019 est marqué par un retrait de 17,5% de la valeur expédiée. « Sur les mois de novembre et de décembre, les importations françaises sont en retrait de 100 millions d’euros » a déploré Antoine Leccia.
Les vins français étaient sous une seconde menace d’augmentation des douanes américaines de 100 % dans le cadre du projet de taxation des Gafa par l’Hexagone. Suite à l’accord trouvé entre l’OCDE, les USA et la France, il a été décidé de supprimer la taxation des Gafa en France, dans l’attente qu’un accord international soit trouvé. « Cela évacue le risque d’une nouvelle taxe de rétorsion pour l’année 2020 » a expliqué Antoine Leccia.
Reste que les taxes punitives liées au dossier Airbus demeurent. Quelle sera la tendance des prochains mois ? Le 14 février prochain, l’administration américaine va annoncer si elle choisit de modifier la taxe de 25 %. « Cette modification peut intervenir sur les produits ciblés par la taxe, sur le montant de la taxe… On est dans l’attente, nous n’avons que peu d’informations sur le sujet » précise Antoine Leccia. Néanmoins, si la taxation américaine devait perdurer, une étude commanditée par la FEVS au cabinet Finexsi, chiffre la perte pour la filière vin aux alentours de 300 millions d’euros pour l’année 2020. Par ailleurs, si la hausse des taxes perdure en 2020, 80 % des entreprises françaises anticipent des conséquences sur leurs achats, 62 % un coup de frein sur leurs investissements, 36 % une perte de cash et 34 % des conséquences sur l’emploi.
Alors qu’il doit rencontrer le président d’Airbus ce 14 février, Antoine Leccia s’est refusé à indiquer quelles seraient la teneur des échanges. Il s’est borné à rappeler que la FEVS réclame depuis l’instauration des taxes Trump 300 millions d’euros de mesures d’urgence compensatoire auprès de l’Etat français. Une aide qui tarde à venir car la France considère que c’est à l’Europe de la prendre en charge. Et les Etats européens semblent frileux à accepter cette compensation.
Le bilan export de la filière vin et spiritueux français 2019 est positif, confirmant la tendance observée depuis des années avec une stabilité des volumes et une progression du chiffre d’affaires. Plus particulièrement pour les vins, les exportations se portent à 139 millions de caisses, en hausse de 0,7 % (soit 12,5 millions d’hl, en hausse de 93 119 hl par rapport à 2018). En valeur, elles atteignent les 9,3 milliards d’euros (en hausse de 393 millions d’euros par rapport à 2018, + 4,4%).