ntre le 1er et le 30 novembre 2019, le CIVL, l’interprofession des vins du Languedoc, a enregistré 14000 hl de transactions en vrac de languedoc rosé, contre 43000 hl l’an dernier durant la même période. Soit une chute de 68 %. Pas de panique pour autant. Les prix restent stables à 142 €/hl € l’hl (+2 %). Principale raison du ralentissement de l’activité : les acheteurs sont encore couverts de millésime 2018.
En ce début de campagne, leur message est clair : ceux qui ont produit plus que les volumes prévus dans leurs contrats risquent de se retrouver avec ces vins sur les bras. Ils ne s’attendent pas à une explosion de la demande. Le marché est ralenti tant à l’export qu’en grande surface.
Le volume de la récolte 2019 n’est pas encore connu. Mais les acheteurs savent déjà qu’ils n’en manqueront pas. « Ce qui est sûr, c’est que nous ne serons pas en rupture », se réjouit Franck Renoult, acheteur pour Johanès Boubée, la société de négoce de Prodis Carrefour. Il lui reste du millésime 2018 en stock. En cette fin d’année, il privilégie ses fournisseurs historiques, une dizaine de caves dans le Languedoc-Roussillon. Pour lui, l’appellation languedoc rosé est une belle réussite qui progresse, surtout en bib de 3 litres en marque de distributeur (La Cave d’Augustin Florent dans le cas de Carrefour).
Laurent Bourrel, courtier basé à Douzens dans l’Aude (Alias), travaille sur des volumes modestes (entre 500 et 1 000 hl par fournisseur). Pour lui, c’est un marché « acté », une appellation qui a clairement sa place dans le paysage actuel. Lui aussi met en garde les producteurs qui en ont trop vinifié : « les vins qui n’ont pas réservés, ne trouveront pas preneur. »
Dans ce contexte à risque, Jean Renaud reste raisonnable. Il dirige depuis 28 ans une petite coopérative héraultaise, la Clairette d’Adissan (4 M€ de chiffre d’affaires). En rosé, il ne produit que ce qui est réservé, en contrat pluriannuel avec ses deux clients : Gérard Bertrand et Amiel (Intermarché). Il en garde un peu pour le caveau. « Tout est pré-vendu, et si j’avais voulu en faire plus, je n’aurais pas pu car nous avons eu une petite récolte cette année. »
Il ajoute : « Ces dernières années, tout le monde s’est mis au rosé. Il s’en est fait trop. Je sais qu’il va y avoir une crise. Mais je sais aussi que ma cave ne sera pas touchée. »