omme la France, l’Espagne est frappée par des droits de douane supplémentaires sur ses vins, mais aussi sur ses huiles d’olive, fromages et liqueurs pour ne citer qu’eux. Estimant que plus de 5 000 emplois sont directement menacés par ces représailles américaines, treize organismes professionnels* ont créé une plateforme pour exiger de la fermeté du gouvernement et de l'Union Européenne. Dans un communiqué conjoint, ils réclament « des solutions à un scénario qui menace de nuire gravement à la solvabilité de ce marché stratégique ». Première solution envisagée : obtenir le gel des mesures de rétorsion, à défaut de quoi, imposer des taxes européennes sur les produits américains. « Bruxelles a l'approbation de l'Organisation mondiale du commerce pour imposer des taxes sur les produits américains d'une valeur de 4.000 millions de dollars », rappellent-ils, demandant par ailleurs des mesures de compensation pour les secteurs concernés. En début de semaine, Ramón Armengol, représentant des coopératives agroalimentaires espagnoles et vice-président de la COGECA, demandait à la Commission européenne de préparer une enveloppe d'aides pour soutenir les secteurs concernés, « comme cela a été le cas en juin de cette année lorsqu'une aide de 100 millions d'euros a été accordée aux agriculteurs irlandais affectés par le Brexit », affirment les coopératives. Les membres de la nouvelle plateforme ont réitéré leur indignation couplée d’une mise en garde : « Nous ne voulons pas être une monnaie d'échange dans une dispute qui ne nous concerne pas. L'intervention au plus haut niveau du gouvernement, de la Commission européenne et des pays alliés est essentielle pour éviter une guerre commerciale ouverte qui sera préjudiciable à tous les niveaux ».
De son côté, la région de Castilla La Mancha se demande si la Chine ne pourrait pas devenir sa planche de salut. Avec le Brexit d’un côté et les surtaxes américaines de l’autre, les professionnels de la région voient dans la montée du marché chinois « une voie de secours ». Les exportations de vins régionaux vers la Chine sont passées d’environ 33 millions d’euros en 2015 à 43 millions en 2018, et 2019 ne déroge pas à cette tendance. D’après les professionnels, les exportations ont dépassé 19,3 millions d’euros au premier semestre et la Chine consolide sa place de cinquième marché mondial, et premier pays tiers. Vingt caves participeront en mars prochain au Chengdu Wine Fair, ville de 16 millions d’habitants qui, selon les exportateurs de la région, « offre le plus grand potentiel de croissance de la consommation de vin ».
*FIAB, ASOLIVA, ASEMESA, ANICE, FEBE, FENIL, FEV, FENAVAL, ASOZUMOS, COOPERATIVAS AGRO-ALIMENTARIAS, ASAJA, COAG et UPA