Cela fait quatre à cinq ans que des viticulteurs de la région de Dormans ont commencé à voir des pieds de vignes où l’apex disparaît et se transforme en vrille ou en feuille, témoigne Julie Perry, chef de projet au service Viticulture du Comité Champagne. Ce problème n’est pas toujours simple à repérer ». Ce phénomène intervient généralement très tôt : au stade de six à huit feuilles étalées et, pour l’instant, uniquement sur le meunier.
Sébastien Picart, viticulteur à Verneuil, a une parcelle de 20 ares comprenant 10 à 15 % de pieds touchés. « Cela n’affecte pas le rendement car le problème intervient après la sortie des grappes, précise-t-il. Mais cela complique sérieusement le relevage et le palissage. On ne peut pas toujours relever complètement en haut les pousses touchées ». De plus, les chutes d’apex provoquent une sortie précoce d’entre-cœurs ce qui complique également le relevage.
Le Comité Champagne débute cette année un programme de recherche pour comprendre l’origine de ce problème et y remédier. Il a lancé un appel à témoignages au printemps et une trentaine de vignerons s’étaient signalés à la mi-juin. Mais le suivi du phénomène n’est pas aisé car ces chutes d’apex sont aléatoires. « Il arrive qu’il y ait un rond important dans une parcelle une année, mais pas l’année d’après », souligne Julie Perry.
A priori, le problème touche autant les pousses issues de la tête que de l’extrémité des souches. « Nous avons l’impression qu’il survient plus fréquemment suite à un gel de printemps, avance Julie Perry. C’est peut-être une réaction hormonale consécutive au gel ». Une piste de travail parmi d’autres.
Le Comité étudie aussi la présence d’éventuelles viroses. Dans ce but, il a réalisé des prélèvements sur les pieds touchés. Par ailleurs, il enquête sur les pratiques culturales opérées depuis cinq ans sur les parcelles touchées, sur la date et le type de taille, sur les intrants, le matériel végétal, l’âge des vignes et la climatologie. A ce stade des recherches, aucune explication n’est validée.