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La robotisation de la commercialisation des vins approche à grands pas
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Automatisation
La robotisation de la commercialisation des vins approche à grands pas

La robotique commence à se profiler comme une solution d’avenir à la vigne, mais pourrait-elle gérer des tâches en cave, voire tout au long de la chaîne d’approvisionnement et jusqu’au service des vins ? Tour d’horizon des solutions actuellement proposées et des perspectives futures.
Par Sharon Nagel Le 24 mai 2019
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errière le zinc

La semaine dernière, dans un restaurant près de Manchester en Angleterre, une employée a confondu deux étiquettes de vin de Bordeaux : au lieu d’apporter la bouteille commandée, un Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 2001 à 26 0£, elle a pris un Château Le Pin 2001, au prix de 4 500 £. L’erreur est humaine, ont reconnu, avec une bienveillance exemplaire, les propriétaires des lieux qui n’auraient pas eu ce problème s’ils avaient fait appel à un système tel celui développé par la société américaine Bastian Solutions. Le robot sélectionne la bouteille demandée parmi des centaines ou parfois milliers de références, puis la pose sur un carrousel pour qu’elle puisse être récupérer par le serveur/sommelier. Si toutefois, il y en a un, en tout cas humain.

En novembre dernier, le « Cyberdog » a ouvert ses portes à Prague. L’établissement est piloté par un barman robotisé qui prend les commandes passées par l’intermédiaire d’une application dédiée, puis utilise son bras pour aller chercher la bouteille, l’ouvre et sert jusqu’à 4 verres en même temps. Il transfère ensuite les verres sur un plateau qui est transporté en hauteur sur des rails jusqu’à la table des clients puis baissé pour que chacun puisse récupérer son verre. Ce n’est pas l’unique bar de ce genre au monde, ni le seul robot de ce type. L’entreprise italienne Makr Shakr a développé un mixologue robotisé – prénommé Nino – qui est capable de préparer un nombre infini de cocktails à partir de 170 bouteilles de spiritueux. La société a déjà commercialisé un concept similaire destiné à des bateaux de croisière et des hôtels, et ce mois-ci fait une démonstration de Nino au célèbre centre culturel londonien The Barbican Centre, près de la City.

Les bars du futur ressembleront-ils à ce robot italien ?

 

Cibler des lieux en manque de services

Outre-Atlantique, l’entrepreneur américain David Koretz s’est, lui, focalisé sur le service du vin dans le secteur hôtelier, plus précisément dans les chambres d’hôtels. Ayant constaté la faible qualité et le prix prohibitif des vins proposés dans les fameux mini bars, en perte de vitesse pour ces raisons entre autres, il a créé la machine « Plum », qui conserve deux bouteilles de vins ouvertes à température de service pendant plusieurs semaines et permet aux clients de se servir un verre, avec le volume qu’ils souhaitent, à tout moment. La machine – aux allures d’une cafetière espresso – affiche des informations sur le vin grâce à une caméra HD qui scanne l’étiquette, perce la capsule et le bouchon avec une aiguille puis injecte du gaz argon pour une meilleure conservation. Elle ajoute directement le coût du vin consommé sur la facture de la chambre et prévient le personnel dès lors qu’il faut changer la bouteille.

De l’autre côté de la planète, à l’aéroport Changi de Singapour, « Pepper » aide désormais les voyageurs à choisir des vins dans le magasin hors-taxes du terminal 2. « A partir de nos observations, de retours sur le terrain et d’enquêtes, nous avons compris que bon nombre de voyageurs souhaitaient acheter des vins dans le magasin hors-taxes, mais ne savaient pas par où commencer, étant donné le choix important de bouteilles proposé », explique Teo Chew Hoon, l’une des responsables de l’aéroport. Pour recruter les services de Pepper, les passagers doivent lui donner une petite tape sur la tête, pour qu’elle se mette à poser des questions afin de déterminer leurs préférences et les orienter dans leur choix. Elle leur propose une liste de vins, ainsi qu’une remise de 10% sur les prix. La question qu’on peut se poser, c’est l’intérêt d’un robot humanoïde : une borne, telle qu’il en existe déjà dans certaines grandes surfaces, aurait-elle rempli les mêmes fonctions ou bien, fallait-il un robot reproduisant les caractéristiques d’un sommelier/conseiller en magasin pour rassurer et attirer les clients ?

 

Le gros enjeu de la livraison par robots

Si le côté gadget de ces différents concepts peut minimiser leur importance pour le secteur du vin, il est un domaine où la robotique pourrait jouer un rôle important : celui de la livraison. Coûteuse, énergivore et pénible vu le poids des bouteilles, elle aurait beaucoup à gagner d’une plus grande robotisation.  Les géants de la distribution le savent bien. Amazon tente depuis déjà plusieurs années de trouver un système de livraison à domicile robotisé, pas uniquement pour le vin bien évidemment. En début d’année, la société a lancé son Amazon Scout, un robot électrique autonome à six roues. Cependant, elle n’est pas au bout de ses peines : en dehors des barrières physiques et des questions de sécurité, les boissons alcoolisées sont sujettes à un tel arsenal réglementaire que leur livraison autonome doit encore surmonter des obstacles autrement plus contraignantes que les escaliers des immeubles. Mais à en juger par les efforts déployés en ce sens par les grands noms de la restauration rapide, les consommateurs sont demandeurs de ce type de service. Il en est ainsi pour Domino’s Pizza, par exemple, qui a lancé DRU, son robot de livraison autonome, qui propose non seulement des pizzas bien chaudes mais aussi des boissons fraîches – et pourquoi pas du vin ?

 

DRU, le robot de livraison autonome développé par Domino’s Pizza

 

« La quatrième révolution industrielle »

Si l’utilité de la robotique à la vigne est avérée – pour des questions liées au manque de main d’œuvre, à la pénibilité de certaines tâches et aux économies potentiellement réalisables en raison du caractère répétitif des travaux – il n’en est pas de même encore en cave. « Dans le secteur du vin, peu de technologie robotique est employée à un niveau commercial, exception faite des chaînes d’embouteillage et des entrepôts associés qui sont extrêmement automatisés », note le chercheur australien le Dr Mark Whitty. Pour preuve, des entreprises comme Accolade au Royaume-Uni, dont le centre d’embouteillage et de logistique près de Bristol est rempli de technologies et de robotique. Au début des années 2010, la société a investi dans un système robotisé de palettisation de cartons de vins sur des palettes de différentes tailles, nécessitant un investissement de plusieurs centaines de milliers de livres sterling, deux mois d’installation et un personnel très qualifié pour l’opérer. Depuis, d’autres robots ont été installés, à des coûts ne dépassant pas 50 000 £, installés en une matinée et gérés par un personnel qui n’est pas hautement qualifié. C’est dire les progrès réalisés en matière de robotique dans ce secteur au cours de la dernière décennie. Evoquant la « quatrième révolution industrielle », le directeur des opérations européennes et de la chaîne d’approvisionnement d’Accolade, Richard Lloyd a affirmé dans la presse australienne : « La meilleure analogie qui je puisse trouver pour expliquer la transformation des process, c’est de la comparer à la transition du téléphone portable classique au smartphone ».

 

De la logistique à la vinification

Pour ce qui est des manipulations robotisées en cave, la société espagnole Freixenet fait partie des pionniers. Dès 1996, elle a équipé ses processus de mise en bouteille, de stockage et de palettisation de 36 robots industriels en collaboration avec la société japonaise Fanuc. Impulsé par la croissance des ventes d’effervescents dans le monde, ce choix a permis non seulement d’augmenter de 32% la productivité de l’entreprise, qui élabore plus de 200 millions de cols par an, mais aussi d’éliminer 10 450 trajets en transport routier par an en diminuant la dispersion des stocks. Par conséquent, Freixenet estime avoir réduit de 545 tonnes par an ses émissions de CO2 grâce à l’optimisation de ses processus de production et de sa logistique par robotique. En Italie, le chercheur Donato Lanati a développé un robot de vinification, qui ressemble davantage à R2-D2 de la Guerre des Etoiles qu’à une cuve. Genesis, c’est son nom, est capable de gérer la macération, la maîtrise des températures, l’apport d’oxygène et d’autres paramètres de la vinification, sur 200 kg de raisins pour une production de 100 litres de vins. Des détecteurs permettent de mesurer le degré alcoolique potentiel, les niveaux de pH et les anthocyanes extractibles pour une vinification spécifique à chaque cépage.  Côté commercial, si toutefois c’était l’objectif de départ, il n’y a pas d’informations disponibles.  

Le chercheur italien Donato Lanati a développé le robot de vinification Genesis.

 

Rendez-vous en Californie en mai 2020

Malgré des exemples comme celui-ci et d’autres, le Dr Whitty explique que « l’amélioration des procédés d’élaboration par des méthodes classiques est facilement accessible, et ne nécessite donc pas l’utilisation de robots » dans la cave. Ainsi, dans la plupart des cas, la robotique se limite à la logistique, à la manipulation des bouteilles et des cartons et au remplissage des bouteilles. Néanmoins, le chercheur australien voit d’autres possibilités de mise en œuvre de la robotique, comme le remplissage des barriques, et d’autres tâches monotones. « Il faudra encore quelques années avant que l'adoption de la robotique ne se généralise, en raison de l'incapacité à démontrer les avantages pour les agriculteurs, des besoins en formation des opérateurs et des prestataires de services pour la maintenance, de la nécessité d'améliorer la robustesse pour faire face aux conditions environnementales (poussière, pluie, araignées, serpents, etc.) et, dans une certaine mesure, du coût en capital. Au fur et à mesure qu'elle se généralise, des questions telles que la responsabilité, l'autonomie et la confiance devront être abordées », conclut-il.

Sa prudence n’est pas forcément partagée par la société Beverage Trade Network, qui a d’ores et déjà planifié une conférence sur les nouvelles technologies dans le domaine du vin  les 12 et 13 mai 2020 en Californie. Au programme : la réalité augmentée, l’intelligence artificielle, les agents conversationnels et la reconnaissance vocale, les services web d’Amazon, la réalité virtuelle, les innovations dirigées vers les consommateurs, la robotique et l’automatisation. Preuve que le vin s’apprête bien à entrer dans l’ère 4.0.

 

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