is en place à la suite des évènements de destruction des vins espagnols importés en France en 2016, le groupe de contact franco-espagnol s’est réuni les 8 et 9 avril, en préambule du Comité mixte qui doit se tenir le 2 juillet en France. De part et d’autre de la frontière, les responsables professionnels s’inquiètent de la situation de marché. Les prix des vins en vrac espagnols, du fait du retour des volumes en 2018, sont plongés à 3.5 euros/d° d’alcool pour les rouges et rosés et à 2.7 euros/ d° d’alcool pour les blancs. Les sorties de chais espagnoles sont par ailleurs très calmes.
« Les acheteurs attendent de voir comment les aléas climatiques vont influencer la récolte 2019. Il y a une sécheresse importante en Espagne, et le risque de gel est à son plus haut niveau » précise Jérôme Despey, président du Conseil spécialisé de FranceAgriMer, tout en considérant qu’il « n’est pas normal que l’Espagne soit en tension sur les prix ». Les producteurs espagnols ont indiqué que si le marché ne démarrait pas ces prochaines semaines, les stocks 2019 pourraient atteindre les 35 à 36 millions d’hl en fin de campagne, en hausse d’environ 10 millions d’hl par rapport à 18. Parmi les solutions évoquées, les espagnols plaident pour la mise en place d’un financement des stocks. Ce système permettrait de porter des volumes et ainsi de lisser l’offre sur plusieurs années. Mais « la France est opposée car elle souhaite conserver une stratégie de conquête de marché » martèle Jérôme Despey.
Autre point abordé : l’augmentation forte des importations de vin espagnols en France. Sur ce point, les Espagnols ont affirmé leur soutien et leur volonté sur le fait qu’il n’y ait pas de troubles sur l’origine des vins commercialisés. « Le travail des fraudes montre que les Espagnols jouent le jeu » affirme Jérôme Despey, se voulant rassurant. Celui-ci annonce qu’il rencontrera la Fédération du Commerce et de la Distribution pour réactiver le groupe de travail sur la contractualisation et le linéaire qui avait été créé en 2017. Ce travail découcherra-t-il sur des mesures concrètes ? Pas si sûr.
Suite à la volonté de la présidence roumaine de l’Union européenne de modifier la directive sur l’imposition des alcools en basculant sur une taxe indexée sur le d° d’alcool, l’Espagne a fait savoir qu’elle était opposée à cette modification. La France est pour l’instant restée muette. « Nous avons écrit une position sur ce sujet car nous ne souhaitons pas voir augmenter les droits d’accises » indique Jérôme Despey.
Par ailleurs, les producteurs espagnols et français se sont mis d’accord pour étudier la transposition des règles européennes dans leur pays respectifs. Il semble que les Espagnols ressentent une certaine surenchère de leur administration. Un mal que les producteurs français connaissent bien.