L'évolution du climat est inéluctable ; il faut réfléchir dès maintenant à l'adaptation des systèmes agricoles et prendre garde à l'inertie des cultures pérennes et des hommes qui la cultivent » a expliqué Nina Chignac, de la Chambre d'agriculture du Rhône, lors des Entretiens du Beaujolais 2019.


Ces conclusions ont été prononcées suite à la présentation d'une étude prospective intitulée « Climat XXI », qui a consisté à calculer l'évolution d'indices climatiques et agro-climatiques pour les années 2030 et 2080, et ainsi, identifier les futures contraintes auxquelles le monde agricole devra faire face. Pour calculer ces indices, un scenario « médiant » d'élévation des températures a été choisi (« RCP 6.0 »). En viticulture, c'est la zone de Liergues, dans le Beaujolais, qui a été retenue dans l'étude.
Les températures moyennes mensuelles et annuelles devraient grimper : par comparaison aux années 1970, ces hausses sont estimées entre +1,5°C et +1,6°C d'ici 2030 et de +3,3 à +3,5°C d'ici 2080. Une année considérée comme chaude dans les années 1970, par exemple 12°C de température moyenne annuelle, sera considérée comme froide dans les années 2080. Autre tendance constatée : la variabilité inter-annuelle des températures qui sera plus forte à l'avenir. Enfin, le nombre de jours de gels baissera fortement.
Concernant les cumuls annuels de pluies, ils devraient se maintenir à l'horizon 2030, mais baisser entre 2030 et 2080. Il y aura d'importantes variations entre les mois, avec des écarts grandissants entre eux : « En 2030, on constate une baisse pour juillet et septembre mais une augmentation pour juin qui sera le plus pluvieux de l'année ». Pour 2080, les mois de mai à septembre, ainsi que décembre, seront plus secs (-130 mm). Janvier et mars connaîtront une hausse de +40 mm par rapport à 2030.
Au sujet de l'évolution des indicateurs agro-climatiques, c'est l'indice de Winkler*, qui a été choisi. Il devrait augmenter de 340°C entre 1970 et 2030, soit un indice équivalent actuellement à la zone de Carcassonne, et de 435° entre 2030 et 2080, soit un indice équivalent à Rivesaltes. « Les apports de chaleur seront atteints plus tôt ; cela aura un impact très important sur la phénologie de la vigne et les caractéristiques des moûts », conclut Nina Chignac.
(*L'indice de Winkler traduit la somme des températures base 10°C entre le 1er avril et le 31 octobre)
Illustration: précipitations mensuelles attendues dans le Beaujolais, à Liergues, dans les années 2030 et 2080, si le réchauffement climatique est conforme au scenario RCP 6.0: