a couverture du magazine Terre de Vin n’aura échappé à personne. Gérard Bertrand, joues peintes aux couleurs tricolores, pose en parangon de la bio ou plutôt en chef de tribu. La photo impose le négociant comme le capitaine de la viticulture biologique, une viticulture adulée par les médias, plébiscitée par les consommateurs. Il est vrai qu’il est l’un de ceux qui a fait rentrer les vins bios en GMS, un de ceux qui a permis qu’un rayon vin ne se conçoive plus sans vin bio.
Le choix du négociant pour incarner cette réussite révèle une réalité : le vin bio est devenu un produit mainstream. La demande explose, les conversions repartent nettement à la hausse (représentant 22 % du vignoble bio en 2017). Le bio change d’échelle. Ses perspectives sont plus que dynamiques. Ce qui n’est pas sans provoquer des questions. Sur Millésime Bio, les exposants s’étonnent de la poussée de la demande en vins biodynamiques. Comme si la bio, atteignant ce palier du mainstream, n’était plus assez authentique. On s’inquiète aussi de l’avenir réglementaire avec, en Europe, des velléités pour assouplir les règles de production au motif d’augmenter la production. De quoi inévitablement faire grincer des dents. On s’offusque : l'âme et l’authenticité de la bio ne sont pas dans l’industrialisation, dans les volumes, dans la déshumanisation. Bref, si chacun acclame la victoire des vins bios, beaucoup hésite sur la tactique à tenir pour les prochaines années. Evangélisatrice de la bio, la couverture de Terre de Vin y donne un avis en placardant le "coach" Gérard Bertrand habillé d’un T-shirt « be the change ». Un prêche pour que chacun apporte sa contribution au développement de la bio mais qui peut aussi se comprendre comme un appel à lever un certain dogme sur la bio, à changer son regard. A accepter en somme que la bio soit devenue mainstream.