omment évoluent les ventes de France Boissons de Beaujolais nouveaux ?
Gérard Grenier : Elles ont tendance à décliner, mais un peu moins ces dernières années. Il y a 4 ou 5 ans, le recul était plus important. Désormais, on semble être plus sur une stabilisation.
Comment analysez-vous cette baisse, malgré les tentatives de l'interprofession d'inverser la tendance ?
G.G : Le principal frein reste le restaurateur, pas le consommateur final, avec une image, bien ancrée, du vin de mauvaise qualité. Quand ils acceptent de déguster, ils se rendent compte qu'il est de bonne qualité, mais les commandes restent timides. Beaucoup ont peur de ne pas tout vendre et d'avoir du stock sur les bras. Ils vendent généralement tout le vin, mais ne recommandent pas dans la foulée pour prolonger l'événement. On peut donc dire qu'ils commandent, mais moins, et la durée de l'événement se raccourcit au fil des ans...D'une semaine, on est désormais passé à 2 ou 3 jours seulement ! Dans leur esprit, c'est devenu un événement très éphémère.
Comment travaillez-vous avec ces clients ?
G.G : Nous conduisons avec nos clients un important travail sur la construction d'argumentaires afin qu’ils puissent proposer ces vins aux consommateurs avec plus de facilité et que l’opération soit prolongée au moins jusqu'au WE qui suit la sortie du vin le jeudi. Nous essayons d'amener aux restaurateurs tous les moyens possibles pour qu'ils générent plus facilement du business, telles que des animations commerciales, de la PLV fournie par l'interprofession...Ceux qui jouent le jeu vendent tout en général et sont satisfaits !
Que pensez-vous justement de la communication Beaujolais nouveaux d'InterBeaujolais ?
G.G. : Elle est très qualitative, moderne et plaît bien aux restaurateurs qui n'hésitent pas à l'afficher. Mais il est aussi possible qu'elle ne mette pas suffisamment en avant les vins eux-mêmes; le déficit d'image pourrait venir de là. Elle pourrait être plus axée sur le produit, en allant plus en profondeur sur la qualité intrinsèque des vins. Et ensuite, s'occuper des animations liées à la fête : l'événement ne doit être qu'un support de communication sur lequel s'appuyer.
Pour changer l'image, ne faudrait-il pas aussi faire évoluer le goût des vins ?
G.G : Non, il faut conserver cet esprit primeur, frais, gouleyant, fruité, croquant, c'est important et attendu par le marché. Avec la premiumisation, les vins proposés sont devenus de bons rapports qualité-prix. La preuve : nous ne perdons pas de clients mécontents de leur qualité.