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Transition écologique
Faut-il revoir le référentiel HVE ?

Deux écoles s’affrontent sur le choix à faire pour orienter la viticulture française en matière de transition écologique. La HVE ne séduit pas tout le monde.
Par Marion Sepeau Ivaldi Le 13 juillet 2018
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Le référentiel HVE est-il le bon ? C’est-à-dire est-il celui qui remplit les attentes des consommateurs ? - crédit photo : CC0 Creative Commons
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l y a peu Saint-Emilion demandait à l’Inao de valider l’obligation de remplir les conditions du référentiel HVE pour obtenir l'AOC. De quoi donner une nouvelle dimension à ce signe de qualité qui, jusqu’à présent, était laissé à l’initiative privée des entreprises. Et surtout, cette décision trace une nouvelle voie modifiant profondément les cahiers des charges des AOC : en s’ouvrant à d’autres référentiels, l’AOC profondément attachée à la stabilité des pratiques, accepte que ses règles de production puissent être modifiées annuellement. Cette reconnaissance de la HVE signe ainsi une ouverture d’esprit, et sans doute, une nouvelle culture au sein de l’Inao, souvent critiqué sur sa difficulté à évoluer.

En adéquation avec les attentes des consommateurs ?

Pour autant, le référentiel HVE est-il le bon ? C’est-à-dire est-il celui qui remplit les attentes des consommateurs ? C’est la question que met sur la table Bernard Angelras, président de l’IFV. L’élu qui siège à l’Inao et qui a œuvré sur la thématique agro-environnementale dans le champ des AOC, s’interroge. « Le problème de ce signe est que le consommateur ne sait pas ce que cela veut dire. Pour moi, la HVE, c’est de l’image ! Je ne suis pas sûr que cela apporte une garantie supplémentaire aux consommateurs » indique Bernard Angelras. Il pointe notamment du doigt les faibles différences entre le niveau 2 de la certification environnementale et le niveau 3 (qui permet d’obtenir le label HVE). Par ailleurs, le niveau 2 lui apparaît variable dans le traitement des équivalences avec d’autres cahiers des charges de viticulture raisonnée. C’est le cas pour le référentiel « Terra Vitis est autrement plus détaillé que le référentiel de la certification de niveau 2 » s’étonne Bernard Angelras.

Des critiques déjà vues !

Pour les Vignerons indépendants de France, qui se sont engagés depuis plusieurs années pour développer la HVE auprès de leurs adhérents et son rayonnement, ce débat n’a pas lieu d’être. « J’ai participé au lancement de la bio, il y a trente ans ! J’entendais alors les mêmes arguments : le label n’est pas connu des consommateurs » fait remarquer Jean-Jacques Jarjanette, directeur du mouvement des Vignerons indépendants de France (VIF). Selon lui, il faut avancer pour lancer une promotion du label. « C’est pour cela qu’une association nationale de promotion de la HVE a été lancée lors du dernier salon de l’agriculture » explique Jean-Jacques Jarjanette. Cette association compte six membres : outre les VIF, des associations du secteur fruits et légumes sont adhérentes. « Le bateau est en train de prendre corps » commente Jean-Jacques Jarjanette. Et c’est justement parce que la mayonnaise est en train de prendre que les VIF pensent que ce n’est pas le bon moment pour modifier le cahier des charges (sans pour autant remettre en question que son évolution sera, sans doute, un jour à étudier). « Aujourd’hui, la priorité est d’aller chercher une diffusion multi-filière » martèle Jean-Jacques Jarjanette. « Nous travaillons à la reconnaissance européenne de ce référentiel. Ce n’est pas le moment de le modifier » ajoute Thomas Montagne.

Et la RSE ?

Mais, pour Bernard Angelras, il faut tout de même prendre le temps de la réflexion et bien mesurer les enjeux. Notamment internationaux. « Il est vrai que le plan de la filière remis en janvier au gouvernement prévoit que 50 % des exploitations viticoles soient sous certification environnementale en 2025, sous réserve d’un partage de la plus-value. Néanmoins, il est intéressant de s’intéresser aux autres pays » indique Bernard Angelras. Et de regarder par-delà l’océan Atlantique. « En Californie se développe de plus en plus la RSE, responsabilité sociétale et environnementale des entreprises ». Le plan filière prévoit également de développer cette certification qui ajoute des obligations sociales aux actions de préservation de l’environnement. D’ailleurs, remarque Jean-Jacques Jarjanette : « rien n’empêche de développer la RSE pour compéter la HVE ». Faut-il alors considérer la RSE comme une marche de plus pour accompagner la transition écologique ? Le débat est ouvert, à moins que la réflexion soit menée à l’aune d’autres enjeux environnementaux. Car, la protection sanitaire du vignoble n’est pas le seul enjeu. Le changement climatique est aussi sur la liste des challenges environnementaux de la filière vin.

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