’est une réussite collective qui a valeur d’exemple alors que le glyphosate vit ses dernières campagnes de désherbage. En vingt ans, le captage en eau potable de Fenouillet (commune viticole de Vacquières) a enregistré une réduction drastique de ses teneurs en matières actives d’herbicides. Chaque résidu passant en dessous de la limite de 0,1 microgramme par litre et leur somme étant inférieur à 0,5 µg/l* se félicite la Chambre d’Agriculture de l’Hérault (CA34). S’étendant 670 hectares sur l’appellation du Pic Saint Loup (dont 120 ha de vignes), ce petit captage en eau potable enregistrait en 1997 des pollutions aux herbicides alarmantes. Ce qui a conduit la CA 34 a coordonné un changement des pratiques viticoles, essentiellement sur l’entretien des sols.
Résumées sur un site web dédié, les principales actions se sont reposées sur des tests d’itinéraires techniques alternatifs pour le désherbage (notamment avec la mise en place d’enherbement et d’entretien mécanique), sur des journées techniques de formation (et de partage d’expérience) et sur la mise en place de mesures agroenvironnementales (plus d’herbicides sur l’interrang ou sur toute la parcelle, conversion à l’agriculture biologique…). Ce dispositif MAE est actuellement suivi par 8 exploitations, représentant 72 % des vignes de la commune. La CA 34 a également proposé un soutien pour améliorer le réglage, le remplissage et le lavage des pulvés (pour réduire les pollutions diffuses et ponctuelles).


En 2018, les vignes de la commune de Vacquières ne connaissent plus le désherbage en plein. 88 % de la surface de ce vignoble n’utilise plus d’herbicides chimiques (pour 10 % des parcelles est désormais certifiées en bio). Cette initiative aura été en avance sur son temps souligne Jérôme Despey, le président de la CA34. Qui rappelle dans un édito en ligne que « depuis 2007, et le Grenelle de l’Environnement, les captages en eau potable les plus sensibles (qui présentaient des problèmes de pollutions aux produits phytosanitaires ou aux nitrates) ont été classés comme prioritaires, et font l’objet de démarches volontaires pour lutter contre ces pollutions diffuses et reconquérir la qualité de l’eau ». Alors que l’interdiction du glyphosate reste un cap politique, les démarches du bassin de Fenouillet n’en sont que plus exemplaires.
* : La CA34 note cependant des « pics de pollution au glyphosate et à l’AMPA2 en 2004-2005, mais ils sont restés ponctuels et principalement liés à de forts épisodes pluvieux ». Les techniciens ajoutent que parmi les « molécules encore détectées, seules l’atrazine déséthyl déiospropyl (DEDIA), recherchée depuis 2013, et l’hydroxyterbuthylazine présentent occasionnellement de légers dépassements (aux alentours de 0,1 µg/l) ». Mais ces deux molécules sont des « métabolites de dégradation d’herbicides anciennement utilisés sur le territoire (famille des Triazines), qui restent encore présents dans les sols malgré l’absence totale d’utilisation [et ces] dépassements n’entraînent pas de problème de conformité (la somme totale des matières actives recherchées ne dépasse pas 0,5 µg/l) ».