Le marché mondial actuel du tracteur viticole représente 1,5 milliard d’euros par an, un chiffre qui en dit beaucoup sur la potentialité du marché des enjambeurs viticoles autonomes » souligne un communiqué de Vitibot, la start-up de Reims qui vient de lever 3 millions € pour se positionner en acteur majeur du machinisme de demain. Réalisée en six mois, cette première levée de fonds a éveillé l’intérêt d’investisseurs allant des industriels aux maisons de Champagne, en passant par les prestataires et investisseurs particuliers. Ne souhaitant pas communiquer sur les noms de ces investisseurs, Bernard Boxho, le directeur général de Vitibot, souligne qu’ils ont tous vocations à être des partenaires financiers durables.
Cette levée de fonds doit appuyer l’ambitieuse stratégie de développement de la PME, qui connaît un développement éclair. L’entreprise emploie désormais 25 ingénieurs (experts en informatique, robotique et mécatronique) et loue 4 000 mètres carrés pour la construction en série de Bakus, son premier robot viticole, qui doit toujours être commercialisé en 2019. Sachant que le prototype de cet enjambeur électrique n’a commencé à être dessiné qu’à la fin 2017, pour être monté début 2018 et commencer sa première phase d’essai au printemps.
« Nous conduisons nos essais en Champagne suivant le principe de proximité. Mais ces vignes présentent aussi des sols difficiles et des pentes élevées. C’est une question de performance. Si l’on montre que le robot peut fonctionner sur ce vignoble, il fonctionnera ailleurs, en s'adaptant à la hauteur des vignes » explique Bernard Boxho, qui défend un outil avant tout robuste et fonctionnel.
Ne manquant pas d’ambition, Bakus est déjà présenté par Vitibot comme une « plateforme universelle […] dans la capacité d’exécuter la majeure partie des travaux viticoles aujourd’hui assurés par des tracteurs traditionnels », permettant ainsi de répondre aux préoccupations de réductions viticoles des intrants phytosanitaires et de la pénibilité au travail. Devant intégrer en priorité les outils de travaux du sol, le prototype devrait ensuite essayer des matériels de pulvérisation confinée.


En 2019, Bakus sera commercialisé en faible nombre et seulement en Champagne (le reste de la France étant évoqué à partir de 2020). Quant au prix de ce robot électrique, « il doit se positionner sur celui d’un tracteur enjambeur traditionnel thermique. Et ne pas le dépasser » explique Bernard Boxho. Sachant qu’un tracteur nu avoisine 120 000 euros, sans outillage. « Mais à l’usage, Bakus sera 2 à 4 fois plus économique qu’un tracteur traditionnel : parce qu’il ne consomme rien, que son coût de maintenance est ridicule, qu’il travaille jour et nuit… Et qu’il travaille seul, sans besoin d’un tractoriste » énumère Bernard Boxho, avec une argumentation qui a fait ses preuves en persuadant les nouveaux actionnaires.
Actuellement nu, le prototype n'a pas encore revêtu sa carosserie.