On ne sait pas quel modèle de levée de fonds sur internet (ou crowdfunding) sera celui de la filière vin à l’avenir » esquissent les chercheurs Olivier Bargain, Jean-Marie Cardebat et Alexandra Vignolles de l’Université de Bordeaux, dans leur récent article sur le crowdfunding dans la filière viticole, publié par le Journal of Wine Economics. Mais « parmi toutes les formes de levées de fonds qui existent sur internet, nos résultats suggèrent que la volonté de contribution est moins portée par des motivations intrinsèques que par une forme d’investissement ou de d’achat anticipé » soulignent les économistes.
Concrètement, un opérateur vitivinicole doit associer sa campagne de levée de fonds sur internet avec des contreparties attractives, qu’il s’agisse de vente de vin en primeur ou de proposition de services ou d’actions. Chacune de ces « récompenses » engendre un niveau d’implication, et de don, différent.
Ces conclusions se basent sur un sondage réalisé en 2014-2015 sur internet auprès de 430 consommateurs de vin dans le monde*. Si la majorité des sondés ont des connaissances limitées dans les plateformes de crowdfunding, un tiers des répondants a déjà participé à une campagne en ligne (dont 70 % des cas pour moins de 50 €). Globalement, les trois quarts des sondés seraient intéressés par une levées de fonds dans la filière vin s’il y a un système de récompense.
Ces consommateurs motivés se disent prêts à soutenir un achat de domaine ou un lancement de start-up (40 % des réponses), ou une transition écologique (moins de 20 %) ou un développement de vins originaux par le marketing ou les cépages (moins de 15 %). En moyenne, leur donation serait comprise entre 6 et 50 € pour 44 % des répondants, moins de 10 % des sondés se disant prêts à aller au-delà de 200 €. Par ailleurs, les investisseurs intéressées par des actions se disent prêts à contribuer deux fois plus que ceux préférant une contrepartie en vin.


« Cela confirme l’intuition que les montants les plus conséquents sont levés par la perspective d’actions, tandis que les petits dons coïncident avec des rétributions en natures. De très petites contributions correspondraient à de pures donations. Ce qui correspond aux comportements généraux dans le crowdfunding » concluent les chercheurs bordelais.
* : Réalisé en cinq mois via le réseau Linkedin, cette étude a eu pour sondé type une femme (56 %) consommatrice régulière de vin (à 90 % au-delà d’une fois par mois) de 34 ans en moyenne. Les chercheurs notent que la population sondée n’est pas représentative de la population, mais peut correspondre par son profil social (et ses revenus) aux cibles des campagnes de crowdfunding.