On ne parle pas de nous, il faut que les gens sachent ce qui nous arrive », lâche Laure Grosset, vigneronne à Saint-Pantaléon-les-Vignes (26) sur 22 ha en AOC côtes-du-Rhône et en IGP. Comme 17 autres exploitants recensés par le syndicat général des vignerons des côtes-du-Rhône, la vigneronne et son époux Jacky font partie des victimes des déboires de la société Raphaël Michel. Selon l’organisme, la dette de l’entreprise auprès des vignerons s’élève à 1 million d’euros.
Pour rappel ce négociant vraqueur est soupçonné d’avoir vendu plusieurs milliers d’hl de vins sans indication géographique sous les appellations côtes-du-rhône, côtes-du-rhône villages et châteauneuf-du-pape. Son placement sous procédure de sauvegarde par le tribunal de commerce de Montpellier, fin octobre 2017, a conduit au gel de ses créances.


« À partir de cette date, il a cessé de nous régler les acomptes de la récolte 2016 que nous lui avions intégralement vendue soit 800 hl environ », témoigne Laure Grosset qui a décidé de médiatiser les conséquences de cette affaire sur son exploitation. Le montant de l’impayé s’élève à 60 000 euros, ce qui correspond à la moitié du bénéfice agricole de l’année. « Dès lors que les règlements ont été interrompus, j’ai adressé des lettres de créances à notre client, poursuit-elle. Je l’ai également relancé par téléphone, mes appels sont restés sans réponse. »
Le couple a vécu sur l’argent mis de côté pour sa retraite jusqu’à la récolte 2017 vendue à un autre opérateur. « Sans ces économies, notre exploitation n’aurait pas survécue, précise Laure Grosset. Et, nous ignorons si nous reverrons un jour notre argent. »
Pis, la MSA qui a refusé d’étaler les cotisations de ces viticulteurs, leur a infligé 1 000 € de pénalité pour les mois de novembre, décembre, janvier et février non réglés en temps et en heure. « Inter Rhône nous a également mis en demeure de payer les 6 000 euros de CVO que nous n’avons pas pu honorer », commente Laure Grosset. Et de s’indigner : « Comment imaginer de régler cette somme, alors que nos vins n’ont pas été payés ! »
Inter Rhône va jouer la concilialtion. « Lorsque des opérateurs rencontrent des difficultés financières, nous prenons des dispositions particulières telles que l’échelonnement des paiements, explique Éric Rosaz, délégué général d’Inter Rhône. Nous tentons aujourd’hui d’identifier les créanciers de Raphaël Michel avec le syndicat général des côtes-du-Rhône. La tâche n’est pas aisée car nous ne connaissons pas la situation de chacun. » Le responsable incite les vignerons en difficulté à prendre contact avec ses services pour trouver des solutions.