Génétiquement, morphologiquement et qualitativement, les variétés Bouquet sont les plus proches de Vitis vinifera. Lors des croisements d’obtention, Alain Bouquet avait la volonté de créer cette proximité pour éviter toute comparaison avec les hybrides » pose le chercheur Hernan Ojeda, le directeur du site INRA de Pech-Rouge, proposant à une salle comble une dégustation de huit vins de cépages Bouquet, ce 19 février sur le salon Vinisud. « C’est unique. Ce sont les seuls cépages résistants de qualité qui soient adaptés aux climats méditerranéens » renchérit le professeur retraité Alain Carbonneau.
Si les vins dégustés ne semblent pas tous commercialisables en l’état (que ce soit par certaines typicités surprenantes ou à cause du biais expérimental des microvinifications*), ils présentent des profils organoleptiques d’autant plus prometteurs qu’ils sont issus de vignes implantées depuis des années dans le Midi et pouvant se passer de traitements phytosanitaires. « La résistance à l’oïdium est totale et celle au mildiou est presque complète » rapporte Hernan Ojeda. « Et la plupart des cépages sont peu sensibles à la pourriture. Ce n’était pas un but de la sélection, mais l’usage de cépages rustiques pour les derniers rétrocroisements a conféré ce caractère. Qui donne une maîtrise totale de la date de récolte » souligne Alain Carbonneau.
Devant actuellement prouver leur Distinction, Homogénéité et Stabilité (DHS), ces cépages pourraient être inscrits au catalogue français en 2021 espère Hernan Ojeda. Qui annonce que les résistances à la sécheresse de ces cépages vont désormais être étudiées avec plus de précision. « Le Languedoc anticipe l’avenir. En 2018, de premiers vignerons planteront les variétés Bouquet qu’ils ont choisies » annonce Bernard Augé, le directeur adjoint du Conseil Interprofessionnel du Languedoc. Qui souligne que les viticulteurs ont choisi ces cépages après des séances similaires de dégustation.
Ce 19 février, la conférence se plaçait sous le signe d'une citation du défunt Alain Bouquet : « l'objectif est de créer des variétés résistantes aux maladies et non aux vignerons ».
* : Les volumes expérimentaux en cause étant de l’ordre de 30 à 50 litres.