n toute discrétion, le décret du 30 novembre dernier donne le pouvoir à l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO) de « conclure une transaction en vue de mettre fin au litige qui l'oppose à M. Geens ». Signé par le premier ministre, Édouard Philippe, et le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, ce décret espère mettre un terme aux quinze années de procédure judiciaire de la plus importante fraude aux vins de Bordeaux de l’histoire récente. Entre 1999 et 2002, le groupe belge Geens aurait coupé pas moins de 36 millions d’hectolitres de vins d’appellations bordelaises avec des volumes excédents, selon l’UFC Que Choisir, pour approvisionner ses marchés du Benelux.
Ouvert en 2002 devant les justices belges et françaises, ce dossier a connu un retournement de situation en 2006, avec l’accident vasculaire cérébral de Robert Geens, le PDG du groupe éponyme. Depuis, tout l’enjeu est de pouvoir juger une personne dans l’incapacité de se défendre*. En juin 2016, le tribunal correctionnel de Bordeaux a cependant condamné au civil Roger Geens, mais le relaxant au pénal.


Ayant fait appel de sa condamnation, le mandataire de Roger Geens a proposé une transaction à l’INAO. « Ce n’est pas une solution complètement satisfaisante au regard de la protection des Indications Géographique, puisqu’elle ne permet pas d’aller jusqu’au bout de la procédure. Mais l’état de santé altéré du prévenu nous met dans l’impossibilité de persévérer par les voies pénales classiques » explique Nathalie Marty-Houpert, la responsable du service juridique de l’INAO. Le pouvoir de transiger venant juste d’être donné à l’INAO, l’issue des négociations est encore incertaine. « Il serait prématuré de commenter, mais l’affaire n’est pas encore finie » conclut Nathalie Marty-Houpert.
* : Et résidant dans une clinique à Monaco, selon France Bleu.