arthélémy d’Andoque gère depuis 2003 la propriété familiale située dans l’Hérault, le Château de Sériège. Il y exploite 120 ha de vignes en IGP « Coteaux de Fontcaude ». Les vendanges, terminées il y a peu, confirment les impressions, avec un bilan « pas glorieux » : le volume récolté cette année est amputé des deux-tiers, un chiffre jamais atteint par le passé. « Au lieu des 9 000 hl que l’on aurait pu avoir, car la sortie de grappes était très belle au printemps, nous n’atteignons que 3 000 hl environ », témoigne celui-ci.
Comme de nombreux autres viticulteurs du secteur, une grosse partie de son vignoble, 70 ha sur les 120, localisé dans la plaine, a été touchée par la gelée noire du 20 avril 2017. 35 ha ont même gelé à 100 %. Résultats des courses : les rendements obtenus varient de 10 à 30 hl/ha selon les parcelles, contre 80 ou 90 hl/ha en temps « normal ».
Mais l’intéressé a décidé de ne pas se laisser abattre et « de continuer d’avancer » : il vient de lancer une cuvée solidaire « haut-de-gamme », qu’il a mise en vente en primeur au prix de 15 € la bouteille. Son nom : « les cavaliers 2017 », en référence au surnom donné aux saints de glace du mois d’avril en Languedoc, mais aussi en référence « au cavalier qui remet le pied à l’étrier, qui avance et ne se laisse pas emporter », ajoute celui-ci.
Les raisins qui vont servir à son élaboration proviennent des parcelles situées sur les coteaux, épargnées du gel, et les plus qualitatives. Le vin subira un élevage de plusieurs mois dans une dizaine de barriques, qui lui ont été offertes par Jeff Carrel, un œnologue et négociant qui l’accompagne dans la démarche. Les bouteilles terminées seront disponibles en décembre 2018 et arboreront une étiquette spécialement créée par une agence de communication.


Cette vente lui servira à amener un peu de trésorerie pour les mises au printemps 2018, et compensera en partie la perte de trésorerie liée à la baisse des ventes vrac de cette année. Mais dans l’immédiat, cette cuvée lui sert surtout, chose qu’il n’avait pas mesurée avant, à le soutenir moralement : « En moins d’une semaine, j’ai reçu de nombreux appels, de gens que je connais ou non, qui veulent me soutenir… Cela fait chaud au cœur, on se sent moins seul, la nature humaine est super ! », confie-t-il, surpris des premières retombées.
Outre la vente de cette cuvée solidaire, le vigneron a par ailleurs entamé des démarches auprès de sa banque et de la MSA afin d’obtenir des reports de remboursements et cotisations. « Au moment des vendanges, cela a été terrible, mais maintenant, je suis assez enthousiaste, je suis bien entouré et aidé ; cela redonne de l’espoir de pouvoir y arriver », conclut Barthélémy d’Andoque.
Illustration : photo des vignes du domaine après le gel du 20 avril 2017. Cr : Château de Sériège