quot;Women do wine" est une nouvelle association, née officiellement en avril 2017 et créée par un petit groupe de professionnelles du monde viticole. Une association destinée à mieux défendre la cause des femmes dans ce milieu, qu'elles estiment insuffisamment « mises en lumière ». Parmi elles, Sandrine Goeyvaerts, caviste, écrivain et blogueuse belge, en est à l'origine. «Tout est parti d'un prix que j'ai décroché en 2014 du « Blog de l'année », dans le cadre des Trophées du vin organisés par la Revue des vins de France (RVF), témoigne celle-ci. Sur le diplôme que j'ai reçu était mentionné « Homme de l'année »... Cela m'a fait rigoler mais aussi réfléchir », poursuit Sandrine Goeyvaerts. En examinant les palmarès attribués chaque année, celle-ci se rend compte que les femmes récompensées étaient aussi très peu nombreuses, voire « oubliées ».
Des constats qu'elle partage et dénonce au travers de billets sur son blog et d'un hashtag lancé sur les réseaux sociaux en janvier 2016, « #WomenDoWine », qu'elle demande de partager et qui remporte « un fort engouement » auprès de la "blogosphère viticole". Mais en 2017, rien ne change, en dehors du nouveau nom donné au concours de la RVF : des « Hommes du vin », on passe à « Grands prix du vin ». Au palmarès, toujours aucune femme... Qu'importe, le collectif est né, décidé à se battre, et ses réflexions déboucheront bientôt sur la création d'une véritable association.
Outre ce cas précis, de nombreuses autres situations sont dénoncées par la professionnelle : les messieurs sont souvent cités dans les articles, rarement leurs femmes, malgré le fait qu'elles travaillent sur le domaine. Ou encore : une vigneronne ne peut jamais poser seule sur une photo, sans son mari, tandis que les conjointes ne figurent que très peu, ou pas, sur celles de leur mari primé...« Il y a de plus en plus de femmes qui travaillent dans le milieu viticole, mais il y a encore trop de réflexions machistes et elles ne sont pas suffisamment intégrées, résume Sandrine Goeyvaerts. C'est donc pour réfléchir à la façon dont on les traite et pour mieux les intégrer et les valoriser que l'association est née ». Elle permettra notamment l'organisation d'espaces de parole et d'échanges sur leurs problématiques, à travers des réunions, des ateliers, des formations.


A terme, l'idée serait aussi de créer un « palmarès des femmes du vin », à l'image de celui de la RVF, afin de « mettre en lumière les femmes qui réussissent, des dirigeantes, des œnologues brillantes ou des journalistes »... « Il y en a mais elles ne sont pas mises en avant », estime-t-elle. Le but recherché est de générer des « modèles forts, afin d'encourager celles qui veulent se lancer, et qu'elles ne restent pas cantonnées à des rôles d'aidantes ou sans responsabilité ».
L'association Women do wine est gérée par un bureau composée de 10 femmes, toutes travaillant dans le milieu viticole : communiquantes, juristes, vigneronnes, cavistes, sommelières, journalistes, et issues de quatre pays différents: Belgique, Canada, France et Suisse. Elle s'ouvria prochainement à toutes les femmes désireuses d'y adhérer.« Ce qui nous intéresse, c'est d'avoir un maximum de profils et d'origines différents, ce qui fera sa richesse et sa diversité », précise Sandrine Goeyvaerts. Le groupe de travail informel déjà fédéré sur Facebook compte quant à lui 250 membres.