i la patience est une vertu, la ponctualité l’est d’autant plus. Au début du printemps, le vignoble français reste dans l'attente de l'arrêté ministériel intégrant de nouveaux cépages au classement national (définitif ou temporaire). Parmi les 36 variétés candidates*, les attentions et attentes se focalisent sur les 28 nouveaux cépages résistants au mildiou et à l’oïdium. Après leur étude fin 2016 par le Comité Technique Permanent de la Sélection des Plantes Cultivées (CTPS) et le Conseil Spécialisé Vin de FranceAgriMer, le ministère de l’Agriculture s’était engagé à en autoriser au moins une sélection, pour que des plantations soient possibles dès 2017.
Si la Direction Générale de la Performance Économique et Environnementale des Entreprises n’a pas répondu aux sollicitations de Vitisphere, il ne s’agirait que d’un délai administratif d’après un habitué des couloirs de la rue de Varenne. Un contretemps qui pourrait coûter cher au vignoble entend-on râler dans les pépinières misant sur ces variétés, déjà classées dans d’autres vignobles européens.


La campagne de plantation s’étendant jusqu’en juin, « il est encore possible de planter pour cette année. Mais encore faudrait-il que le décret sorte, soit publié et mis en œuvre. C’est urgent ! » s’exclame Olivier Calmet (pépinière audoise Calmet et fils). S’étant basé sur les avis consultatifs du CTPS et de FranceAgriMer, il a proposé à ses clients de réserver des pieds de quatre cépages résistants ayant fait consensus (soit Monarch, Muscaris, Prior et Souvignier gris). La demande a été là, venant de Bordeaux comme du Languedoc-Roussillon, et les greffés-soudés attendent désormais en frigo une autorisation administrative.
« Tout le monde a la volonté de planter des cépages résistants : les vignerons, leurs syndicats, les consommateurs… Tout le monde, sauf l’administration ! » tacle Loïc Breton (pépinière gardoise VCR France). Se basant sur l’approvisionnement en matériel végétal de sa maison mère italienne, le pépiniériste aurait encore quelques pieds à disposition. Mais en faible volume, suite à la forte demande des vignobles du Prosecco et de ceux d’Europe de l’Est.
« C’est dommage, il faut à tout prix donner d’autres possibilités de viticulture à nos producteurs. Afin de correspondre aux marchés de demain et leurs exigences de réduction des traitements. Sinon nos vins resteront en cave » avertit Loïc Breton. « On n’est probablement qu’au début d’un grand tournant » renchérit Olivier Calmet. S’il ne peut pas livrer cette année, le pépiniériste prend déjà le pari d’en produire de nouveau pour 2018, et d’avantage (passant de 5 % de sa production en 2017, à plus de 10 % l’an prochain).
* : Sont également proposés à l’inscription des cépages autochtones et traditionnels.