i elle n’est pas cultivée, la vigne est une liane qui ne dépareille pas dans une jungle tropicale., comme le rapporte le professeur montpelliérain Alain Carbonneau, dans l’une de ses dernières chroniques ampélographiques. Lors d’un voyage au Vietnam il s’est ainsi penchée sur des pieds sauvages de Vitis lanata. « Ou vigne laineuse, nommée ainsi en raison de la pilosité fortement cotonneuse de la face inférieure de ses feuilles généralement cordiformes, de ses tiges, de ses entre-cœurs et de ses jeunes feuilles » explique l’expert viticole. Communément présente de l’Inde à la Chine, cette variété asiatique a donc été identifiée par le chercheur au Vietnam en février dernier (« entre Hué et Danang »), mais aussi au Mexique en 1988 (« en zone montagneuse subtropicale autour de Taxco »).
Présentes de part et d’autre du Pacifique, ces vignes sont les témoin botanique de la dérive des continents. « Vitis lanata ferait le lien entre les deux extrêmes du continent initial de la Laurasie (réunissant il y a 60 millions d’années l’Asie, l’Europe et l’Amérique) » explique Alain Carbonneau. « Ainsi, Vitis lanata serait un des témoins de la Laurasie avant la dérive des continents, qui n’aurait subsisté que sous climat de type tropical » ajoute-t-il, se plaisant à imaginer une réserve de gènes ancestraux perdus, qui pourraient être aussi utilites . « Un fil conducteur à suivre grâce à la vigne laineuse » conclut-il, incorrigible poète.