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Bergerac à l'heure du choix de la segmentation de ses vins
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Sortie de crise
Bergerac à l'heure du choix de la segmentation de ses vins

Englué dans les difficultés conjoncturelles et commerciales, le vignoble périgourdin compte reprendre son élan avec l’abondante récolte 2016. Et l'extension verticale de son offre.
Par Alexandre Abellan Le 24 janvier 2017
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Bergerac à l'heure du choix de la segmentation de ses vins
« Bon vent à l’IVBD, en avant toute ! » lance Paul-André Barriat, annonçant les pistes ambitieuses du plan stratégique en devenir. Et qu’il ne se représentera pas à la tête de l’interprofession, sous le regard pensif de Marcel Lecomte.. - crédit photo : Alexandre Abellan (Vitisphere)
«

 Si l’on n’a pas d’ambition au départ, cela ne sert à rien de réfléchir ! » évacue d’emblée Vincent Bergeon, le directeur de l’Interprofession des Vins de Bergerac et de Duras (l’IVBD). Il faut dire que ce 23 janvier, il présentait devant son assemblée générale un plan stratégique dont les objectifs résonnent plus comme de futurs vœux pieux que de rapides perspectives : « inverser la tendance lourde de perte de surfaces et d’entreprises », « redonner de la rentabilité », « revitaliser le bassin économique et d’emploi » Et surtout rester le leader des vins du Sud-Ouest (Bergerac et Duras produisant autant de vin que toutes les autres AOC du bassin).

Après deux ans d’études, de séminaires, de groupes de travail et de réflexion, le plan stratégique des vins de Bergerac pour les dix prochaines années n’en est pas encore au plan d’action. Mais, les discussions entre la production et le négoce se précisent, et sont sommées de concrétiser leurs propositions. En 2017, l’IVBD met ainsi la priorité sur la segmentation de son offre. Estimant que leurs 17 appellations forment une gamme compacte, sans hiérarchie lisible, l’interprofession travaille à la création d’une pyramide de valorisation. En passant par le système des appellations d’origine, mais aussi par des approches parallèles.

Segments

Se basant sur une offre existante de vins accessibles, désormais baptisés « plaisirs » (soit 285 000 hectolitres d’AOC Bergerac et 15 000 hl d’IGP Périgord), cette pyramide compte d’abord créer un cœur de gamme. Les Côtes de Bergerac devraient devenir le fer de lance de ces vins « découvert », avec le soutien d’un remaniement de leur cahier des charges pour permettre une production conséquente de marques (de l’ordre de 40 000 hl).

Il est par exemple question d’assouplir les conditions d’élevage et de mise en marché, qui empêchent actuellement la production de cette AOC aux négociants. Les autres appellations de l’interprofession (Côtes de Duras, Montravel, Monbazillac, Saussignac…), devraient également se repositionner comme des AOC de terroir, pour compléter cette gamme modernisée (qui s’élèverait à 135 000 hl).

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Pécharmant d’excellence

Au sommet, les vins haut de gamme seraient placés sous la bannière « d’excellence », qui compléterait les AOC « découvertes » pour des cuvées sélectionnées. Du type « excellence de Côtes de Bergerac » ou « Rosette d’excellence ». Une façon de valoriser l’image des appellations sans s’y substituer explique-t-on à l’IVBD. Reste à affiner les modalités d’une telle sélection, qui ne serait pas sans se rapprocher d’un classement. Cette marque collective aurait l’avantage de pouvoir être rapidement mises en place.

Dès l’année 2017 espèrent les Périgourdins les plus optimistes. Le pas de temps serait beaucoup plus long pour l’autre volet haut de gamme qu’est la création de mentions « Villages », que l’IVBD souhaite décliner pour les Côtes de Bergerac. Au bas mot, ces démarches prendraient dix ans au sein de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO).

Renouvellement des élus

Quoi qu’il en soit, ce seront de nouvelles équipes qui se chargeront de cette mise en musique. Ayant posé les bases de cette partition, en lançant le projet de plan stratégique en 2014, Paul-André Barriat a annoncé lors de cette assemblée générale qu’il quittera la présidence de l’IVBD en juin prochain*. Ayant enchaîné deux mandats, faute de candidat du négoce, le vigneron plaide ainsi pour une révision de la gouvernance de l’IVBD. Et notamment l’allégement de la charge présidentielle, pour faciliter les vocations auprès du négoce.

La balle est désormais dans le camp de la nouvelle génération, qui a l’opportunité de se baser sur une récolte généreuse, après deux campagnes marquées par les effets de la pénurie de 2013 (d’abord en termes de disponibilité, puis par le référencement massif à cause de la hausse des cours). « 2016 est la récolte a plus importante des vingt dernières années » résume Eric Hugot, le responsable du service économique de l’IVBD. Qui relativise le poids des stocks en soulignant qu’ils restent en deçà des disponibilités de 2012 et auparavant (voir encadré).

Un profond besoin de changement

Suite à l’adoption du plan stratégique par l’interprofession, « les conclusions sont claires, pragmatiques. Des décisions sont à prendre. Ne pas vouloir les prendre, pour des raisons individualistes, n’est plus acceptable pour donner aux vins de Bergerac et de Duras un avenir au sein du paysage commercial des vins français » annonce pour sa part Marc Lecomte, le président de la Fédération des Négociants en Vins de Bergerac et du Sud-Ouest.

Une position qu’appuie totalement Jean-François Fruttero, le président de la Fédération des Vins de Bergerac (qui quittera ses fonctions en juin prochain). Sauf que le vigneron ne peut s’empêcher d’appeler à s’engager davantage « les collègues du négoce à investir et agir à Bergerac et pour Bergerac. Nous ne sommes pas responsables de la hausse des cours de ces dernières années. Certes, nous en avons profité, mais nous n’allons pas nous en excuser. Elle a été mécanique. Cependant, les vignerons ont aujourd’hui l’impression d’en être punis. »

Lourd de reproches et de tensions latentes, ce bilan témoigne des enjeux de la campagne à venir. La baisse du cours du tonneau de Bergerac rouge en sera le témoin (à 1 016 €/tonneau en moyenne la campagne passée, il pourrait chuter à 900 €/tonneau).

 

* : Paul-André Barriat conservera cependant son siège au Conseil Spécialisé de FranceAgriMer, et annonce se mettre en disponibilité pour suivre les futurs projets de l’IVBD. Il évoque notamment la perspective de fusionner Organismes de Défense de Gestion et interprofession en un seul organisme. La fusion reste d’ailleurs une passion bergeracoise. Après avoir absorbé Duras en 2014, l’IVBD réfléchit actuellement aux possibilités d’accueillir dans ses locaux, le cloître des Recollets, l’Office de Tourisme de Bergerac. À noter également la piste d’un rapprochement des fédérations de négociants bergeracois et girondins.

Récolte et bilans déficitaires

Signe des difficultés traversées par l’IVBD ces dernières années, le budget de l’interprofession sur la campagne 2015-2016 est déficitaire pour la troisième année consécutive. Une fois de plus, les CVO ne sont pas au rendez-vous, avec 431 100 hl de vins sortis, quand 484 100 étaient attendus (soit une baisse de 11 % par rapport aux prévisions). Au final, le déficit de 152 000 € sera imputé aux réserves de l’IVBD.

Grâce au généreux millésime 2016 (580 500 hl, +9 %), les perspectives de commercialisation s’éclaircissent cependant. Même si la croissance des stocks inquiètent certains vignerons, passant à 552 300 hl (soit +17 %). Tout l’enjeu de la campagne à venir est d’absorber ces volumes en regagnant des parts de marché. Jouant la prudence, l’IVBD part sur un budget 2016-2017 de 1,85 million €, pour 454 000 hl.

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Tous les commentaires (1)
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charlie47 Le 28 janvier 2017 à 10:27:43
Les difficultés ne sont guère surprenantes s'agissant de vins qui se situent dans un secteur de marché très concurrentiel. A la lecture je me rends compte que l'AOP Duras est quantité négligeable au sein de la structure IVBD. Les vignerons de Duras n'auraient jamais dû intégrer cette interprofession et comme leurs collègues du Lot et Garonne des AOP Marmandais et Buzet intégrer l'interprofession du bassin sud-ouest. Une erreur stratégique qu'ils n'ont pas fini de payer...
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