Aucun lien n’a été établi entre le dépérissement du vignoble et le matériel végétal » rappelle d'emblée David Amblevert, le président de la Fédération Française de la Pépinière Viticole. Avant de dévoiler son plan d’action, il répond en préambule au sentiment de consternation qui remue les rangs des pépiniéristes réunis en congrès à Bordeaux. Nombre d'entre eux se sentent injustement visés par le plan national contre le dépérissement* du CNIV (notamment son axe 2, « l’approvisionnement en matériel végétal »). Pour solder ce ressentiment viticole, David Amblevert joue la carte de l'apaisement et l'unité de la filière dans le détail des six axes du plan de la FFPV.
Le premier point concerne la promotion des bonnes pratiques de plantation auprès des vignerons. À cet effet, la FFPV a finalisé un fascicule des « douze règles d’or pour la plantation d’une vigne ». « Cette plaquette doit inonder le vignoble dans les trois prochains mois » lance David Amblevert. Le deuxième axe vise l’amélioration des pratiques en pépinière, notamment pour augmenter le taux de reprise (i.e en gérant mieux la stratification). Une commission technique a été relancée à cet effet au sein de la FFPV. Elle devrait être constituée et opérationnelle début 2017 (cliquer ici pour en savoir plus).
Le troisième objectif du plan est de gérer le potentiel français de vignes-mères. Ce qui correspond à une « ambition » du plan du CNIV. Si ce dernier constate un repli de 23 % des surfaces vignes-mères de greffon en dix ans, « il s’agit de la résultante d’une démarche qualitative, d’arrêt de certains clones et d’arrachages de parcelles virosées. Il s’agit de conjuguer qualité et sécurité » nuance David Amblevert. Le quatrième axe se focalise justement sur la qualité et la traçabilité des plants commercialisés en France. Que ce soit par la promotion de la marque ENTAV-INRA ou l’ajout sur les passeports phytosanitaires des mentions de pays d’origine pour les greffons et porte-greffe.


Le cinquième point concerne la planification de l’approvisionnement, alors que les pénuries de plants pèsent sur les dernières campagnes de plantation. « Nous sommes la maternité du vignoble. Nous prenons 18 mois de gestation pour produire du matériel végétal » rappelle David Amblevert. L’importance de l’anticipation est indiscutable ont confirmé les deux élus du vignoble présents, pour la première fois, à la conférence de presse de la FFPV.
« Parfois des viticulteurs se disent déçus de ne pas avoir de plants. Mais il s’agit bien d’une faute de commander en janvier ses pieds pour avril. Ce n’est plus acceptable » confirme Bernard Farges, le président de la Confédération Nationale des Producteurs de Vin et Eaux-De-Vie de Vin à Appellations d'Origine Contrôlée (CNAOC). « On pourrait se servir des Plans Collectifs de Restructuration pour aider à piloter plus précisément les plantations » renchérit Stéphane Héraud, le président de l’Association Générale de la Production Viticole (AGPV).
Et pour finir, le dernier objectif du plan est de créer des lieux de concertation entre la pépinière et le vignoble. Si une structure nationale est évoquée, ce sont surtout les antennes régionales qui intéressent la FFPV.
* : Plus large que les maladies du bois, le dépérissement englobe pour le CNIV toutes les agressions biologiques, pratiques viticoles et stress environnementaux qui se traduisent par « une baisse pluriannuelle de la productivité du cep et/ou sa mort prématurée, brutale ou progressive ».