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"Je me fiche que l’on vende du Lafite à 1 000 €, mais pas un Bordeaux à 1,50 €"
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Olivier Decelle
"Je me fiche que l’on vende du Lafite à 1 000 €, mais pas un Bordeaux à 1,50 €"

Indissociable du Mas Amiel, le charismatique propriétaire voit dans le Bordeaux bashing la conséquence de pratiques commerciales court-termistes et incohérentes.
Par Alexandre Abellan Le 13 octobre 2016
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« La spéculation, ce sera pour mes enfants, pas pour moi » lance Olivier Decelle à la tête du Mas Amiel (AOC Maury), du château Jean Faure (Saint-Emilion Grand Cru Classé), du château Haut-Maurac (cru bourgeois du Médoc), du château Haut Ballet (Fronsac) et de la maison Decelle Villa (en Bourgogne). - crédit photo : Alexandre Abellan (Vitisphere)
«

 Le bon prix, quand on démarre dans ce métier, c’est déjà de ne pas se tromper. Vous donnez un prix, il vous tient toute la vie de la propriété. Les [distributeurs] avec lesquels nous discutons ont de la mémoire. On ne remonte jamais un prix quand il est trop bas ! » conseille Olivier Decelle, le propriétaire des vignobles Decelle, ce 11 octobre à un parterre compact d’étudiants et opérateurs bordelais réunis à la Cité du Vin à Bordeaux. S’il participait à une table ronde sur le rapport entre prix du vin et qualité, Olivier Decelle s’est rapidement éloigné du sujet pour faire part de son ressenti sur les critiques visant le positionnement des grandes étiquettes de Bordeaux.

Grands vins de Bordeaux

À l’entendre, ce n’est pas le prix qui est critiquable en soi*, mais une certaine approche générale des consommateurs, notamment asiatiques. « Quand on vend un vin de Lafitte à 1 000 euros en Chine, je m’en fiche. Ce qui fait mal, ce sont les bordeaux à 1,50 € qui y sont envoyés en même temps. Et vendus comme des grands vins ! Après, il en faut du boulot pour faire revenir l’image de Bordeaux » lâche-t-il.

Il critique également la volatilité des prix bordelais, avec une approche de millésime plus propice à la spéculation qu’à la valorisation durable. « Les prix varient en permanence. L’Asie est en train de quitter Bordeaux, parce qu’elle a l’impression de se faire voler. Un jour elle achète un vin à 1 000 €, et après un autre vendeur lui propose 600… » Une volatilité qui interpelle d’autant plus qu’elle est exacerbée par l’exercice des primeurs. « Pour moi, il n’y a que Bordeaux et Châteauneuf-du-Pape qui soient sur la spéculation de millésimes chauds » taquine-t-il, ajoutant que « la notion de millésime nous fait un peu sourire en Bourgogne. Chaque année, chez les grands vignerons, le vin ressemble à son millésime et à son terroir. »

Dans une rue commerçante, il faut des magasins qui réussissent, pour attirer du monde

S’il se montre dur sur les approches opportunistes, surtout sur un marché émergent, Olivier Decelle voit dans les étiquettes prestigieuses des locomotives tirant les appellations et facilitant leur valorisation. « Aujourd’hui, il y a du Bordeaux bashing sur ceux qui ont réussi et qui vendent leurs vins chers » estime-t-il. Mais dit préférer se trouver dans son château Jean Faure (Saint-Emilion Grand Cru Classé) et « vivre à côté de Cheval Blanc qui vend ses vins très chers. Qu’être au Mas Amiel, le seul porte-drapeau d’une appellation... »

 

* : Le propriétaire reconnaît de toute façon faire le choix de ne pas acheter ces grands crus spéculatifs. Et souvent, il ne paie ses bouteilles, les échangeant avec ses camarades vignerons.

« L’ensemble fait un compte d’exploitation qui permet de tenir debout »

S’il souligne qu’il a su imposer au Mas Amiel un prix par le travail des hommes*, Olivier Decelle reconnaît que seule la volonté ne suffit pas. Il en veut pour preuve ses expériences disparates à Bordeaux. « Quand je reprends le château Jean Faure, je décide de tout faire à la main, d’engager du personnel… J’aurai des prix de revient élevés, mais je sais que le marché des Saint-Émilion Grand Cru Classé de qualité est là » estime-t-il. « Et j’ai le château Haut-Maurac, une très belle croupe de graves, mais je suis désolé, j’ai été obligé de ne faire marcher que des machines pour effeuiller, pour vendanger, pour trier le raisin… Parce que si je veux vendre un cru bourgeois du Médoc, j’ai un prix de revient imposé par le marché » soupire-t-il.

* : « Et l’absence de pesticides » ajoute ce fervent défenseur de la bio. Qui a converti au bio le château Jean Faure, mais pas Haut-Maurac.

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Tous les commentaires (1)
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ritchie5 Le 15 octobre 2016 à 09:30:33
Je suis d'accord avec Mr decelle qu'il ne faut pas brader , le vignoble français a une image a garder de sa culture et de son savoir faire qui lui fait réputation, mais alors pourqoi on laisse les chinois acheter les vignobles et surtout les grands crus qu'ils revendent chez eux a des prix défient toutes concurences le mal a été fait par ses grands propriétaires ou par les formes de sociétés auquelle les actionnaires ne pense qu'a l'appat du gain sans se soucier des conséquences sur les petites structures qui en paye les pots casser et c'est bien dommage..................
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