’est en grande pompe que le consortium de la DOCG Chianti Classico s’est réuni ce 24 septembre dans le Palazzio Vecchio de Florence. Frappé de l’emblème de l’appellation, le coq noir (ou Gallo Nero), l’évènement était aussi impressionnant dans son faste que dans sa symbolique. Exactement trois cents ans auparavant, le grand-duc Cosme III de Médicis prenait dans cette même enceinte un arrêté confinant l’utilisation du terme Chianti à quatre communes toscanes (Carmignano, Chianti, Valdarno et Rufina).
Cet anniversaire somptueux a surtout été marqué par le dépôt officiel d’un dossier de candidature à la liste du patrimoine mondial tenue par l’UNESCO. « Nous nous sentons encore très jeunes, et bourrés de projets » s’enthousiasme ainsi Sergio Zingarelli, le président du consortium (créé en 1924), dans les colonnes de la Nazione. Ayant lancé en 2014 sa nouvelle dénomination premium, la Gran Selezione (au sommet du Chianti Classico, au-dessus de la gamme Riserva), le syndicat souhaite conserver cette dynamique collective. « Prendre cet engagement à l’occasion de notre tricentenaire est un pari sur l’avenir, que nous devons remporter ensemble » a lancé Sergio Zingarelli, cherchant notamment le soutien des pouvoirs publics. Qui ont bien répondu présents.
Le dossier de candidature a, en effet, reçu l’aval du ministre de l’Agriculture, officialisé par le biais d’une allocution vidéo, mais surtout le soutien remarqué du premier ministre Matteo Renzi. Lors d’un évènement à l’opéra de Florence, il a même fixé une ambition bien plus large aux vins toscans. Soulignant que les exportations de Chianti se sont élevées à 5,5 milliards d’euros l’an dernier*, il a surtout estimé que ce niveau était « encore trop faible, et nous avons d’amples marges de croissance » rapporte la Nazione. Il a donc fixé pour 2020 un objectif de 7,5 milliards € à l’export (soit +36 %).
Cette volonté de développement effréné se décline à l’ensemble du vignoble italien : « par rapport à nos cousins français, nous n’avons pas été en mesure de faire équipe ces vingt/trente dernières années. Nous n’avons pas eu leur vision large et leur stratégie. Maintenant, il faut faire plus, et mieux » conclut Matteo Renzi.
* : Avec 31 % des ventes mondiales, les Etats-Unis sont le premier marché de consommation des vins de Chianti précise le site Intoscana. Le marché italien arrive ensuite (20 %), suivi par celui allemand (12 %), le Canada (10 %), le Royaume-Uni (5 %)…
Sur la liste de l’UNESCO on trouve depuis l’an dernier les climats de Bourgogne et les Coteaux, Maisons et Caves de Champagne. Parmi les vignes labellisées UNESCO, on trouve notamment les Cinque Terre (inscrites en 1997), la juridiction de Saint-Emilion (en 1999), le vignoble du Haut-Douro (en 2001), la région du Tokaj (en 2002), les vignes des Açores (en 2004), les terrasses de Lavaux (en 2007) et le paysage viticole du Piémont (en 2014).
A noter que d’ autres régions viticoles italiennes que la Toscane sont sur les starting-blocks pour faire partie de ce club fermé. La revue Decanter cite ainsi la région de production du prosecco (Valdobbiadene-Conegliano) et la zone de Valtellina (vignobles de Nebbiolo).