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e territoire de chasse des chauves-souris passe-t-il par les vignobles ? Et, si oui, y consomment-elles des insectes nuisibles ? Si ces questions peuvent sembler excentriques, elles pourraient apporter une nouvelle alternative à la lutte contre les insectes nuisibles. Qu’il s’agisse de combattre eudémis (responsable des pontes de vers de la grappe) ou de la cicadelle dorée (vectrice de la flavescence dorée).
Posant ces questions par l’expérimentation, le projet BatViti vient d’être validé cet été pour y apporter de premières réponses sous cinq ans. Avec un budget annuel de 100 000 euros, le projet est piloté par les chambres d’agriculture de Dordogne (sur le vignoble de Monbazillac) et du Lot-et-Garonne (sur l’appellation Duras), le Conservatoire d’Espaces Naturels d’Aquitaine et l’interprofession de Bergerac-Duras. Mais s'il est ambitieux, il est loin de pouvoir promettre des résultats.
« On part juste du constat que les chauves-souris sont de grandes consommatrices d’insectes. De 1 000 à 2 000 par nuit ! » résume Guillaume Barou, le vice-président de la cave coopérative de Monbazillac, associée au projet. « On n’attend pas que les chauves-souris règlent d’un coup de baguette magique nos problèmes d’insectes. Mais elles pourraient combler les manquements d’autres moyens de lutte. On peut imaginer la confusion sexuelle dans les parcelles et les chauves-souris dans les haies » espère Guillaume Barou.
Plan quinquennal
Embryonnaire depuis le début 2016, le projet a commencé par la fabrication d’une centaine de nichoirs à chauve-souris par des élèves de collèges de Bergerac et de Duras. Mais avant de les placer dans le vignoble, un recensement va avoir lieu. « Aujourd’hui, on ne connaît que trois espèces sur le vignoble. Il faut faire un recensement et une cartographie des populations » annonce Guillaume Barou. Un travail qui peut notamment être réalisé avec des écoutes acoustiques d’ultrasons, comme celle proposée à titre pédagogique ce 16 septembre, au château de Monbazillac.
Pour sa deuxième année, BatViti doit conduire à la pose de nichoirs. Viendront ensuite trois années d’études sur l’appropriation de ces matériels par les chauves-souris. Avec des analyses de leur guano, pour déterminer quels insectes constituent leur bol alimentaire. Au terme de la cinquième année, le projet doit également avancer des pistes pour « favoriser la prédation des chauves-souris sur l’eudémis en viticulture » précise la CA24.
La particularité de ce projet est de faire intervenir auprès de techniciens viticoles des écoles (ici les élèves du collège Henri IV de Bergerac, posant leur nichoir dans le vignoble de Monbazillac). Crédit : CA24
La volonté de lutter contre les vers de la grappe est d’autant plus forte que le millésime 2016 est particulièrement touché. Sur certaines parcelles de Monbazillac, jusqu’à 75 % des grappes présentent des traces de ponte. Un taux maximum qui descend à 12 % pour les vignes s’inscrivant dans la lutte par confusion sexuelle (900 hectares aujourd’hui, contre 120 lors de son lancement, en 2014). « Les populations augmentent d’année en année, et leurs zones s’étendent. Il faut mettre en œuvre de nouvelles solutions pour limiter au maximum les traitements » pose Guillaume Barou.
