La commercialisation a été en volume quasiment stable par rapport à la précédente campagne » indique Jérôme Villaret, délégué génréral du Comité interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL). Les 1 396 000 hl de sorties de chai en 15/16 cachent, cependant, des disparités entre les appellations sont constatées, à l’instar d’une croissance des volumes sur les crus et l’appellation Languedoc, et une contraction sur l’appellation Minervois et Corbières. Parallèlement à cette quasi-stabilité, le volume de stock devrait se contracter du fait d’une plus petite récolte. Le CIVL estime qu’il pourrait avoisiner les 1 050 000 hl, contre 1 050 000 hl. « Le stock passerait en dessous de 9 mois de campagne » constate Jérôme Villaret. L’équilibre étant à 10 à 12 mois de commercialisation, le marché est estimé « plutôt tendu » relève Jérôme Villaret.
Selon les appellations, la tension est plus ou moins palpable. Corbières voit son stock baisser à 8 mois, Languedoc passe en-dessous des 9 mois et Saint-Chinian en dessous de 11 mois (ils étaient de 12,5 mois en août 2014). Certaines appellations reconstituent leurs stocks : Minervois et surtout Piquepoul de Pinet. Cette dernière passe à 4 mois de stock, au bénéfice d’une demande de hausse exceptionnelle de rendement, après deux années où les stocks étaient insuffisants pour assurer la transition entre les deux campagnes. Les stocks de Faugère pourraient s’établir à moins de 12 mois, « ce qui est peu pour une appellation où l’élevage des vins est important ». L’appellation Cabardès passe à 5,5 mois de stocks, parvenant ainsi à assainir ses réserves (sortie de chais 18 000 hl pour une récolte de 16 000 hl).
« Nous invitons les producteurs à maintenir leur production cette année » indique Jérôme Villaret. Le prix moyen de toutes les AOC Languedoc confondues s’établit à 131 euros/hl sur 15/16, soit une hausse de 22 % depuis 12/13. « Nous atteignons ainsi l’objectif de prix que nous nous étions fixés en 2010, lors du plan de l’interprofession. Nous avions constaté qu’en deçà de 130 euros/hl, les prix n’étaient pas assez pérennes pour assurer la pérennité du tissus des entreprises du vignoble » explique-t-il. L’effort d’assainissement des stocks couplés à une promotion auprès de la grande-distribution et des opérateurs exports seraient la raison de ce bilan positif.
Dans ce contexte de hausse de prix, de baisse des stocks et de repli de la récolte, l’interprofession prend les devants. Son objectif : transformer l’essai des bons résultats de 14/15. « Nous invitons les producteurs à maintenir leur volume en AOC » explique Jérôme Villaret. Reste que le maintien des volumes dépendra en grande partie de l’issu de la sècheresse : la levée des blocages de maturation sont pour l’heure la variable décisive dont dépendra l’orientation des volumes vers telles ou telles catégories.


Question prix, Jérôme Villaret assure, en revanche, que l’accroissement des prix n’est plus un objectif. « Aujourd’hui, nous avons atteint des niveaux de prix valorisants pour les producteurs. Nous ne cherchons plus la croissance, d’autant que nous nous inscrivons dans une ambiance économique plutôt terne avec un ralentissement de la croissance française. Et l’inconnue qu’est le Brexit ». Reste que vu la raréfaction de l’offre d’AOC Languedoc cette année, la hausse des prix devrait être plus que probable. Sous réserve d’un niveau qualitatif satisfaisant.