On a décidé de faire de la vigne notre métier. Avant, la présence de deux filiales offrant les mêmes services sur des territoires proches, Agralia et Maïsadour, posait question. Maintenant, nous avons décidé de regrouper les réseaux vigne de Maïsadour, et de les réunir » explique Michel Desvignes, le directeur général d’Inovitis, la nouvelle entité de distribution et de conseil viticoles en question. Présentée aux vignerons bordelais ce 20 juillet à Beychac et Cailleau, cette cellule viti-vinicole joue les cartes de la simplification des réseaux autant que de la mutualisation des expertises. Sans oublier une forte ambition de développement.
Inovitis a en effet pour objectif d’étendre progressivement son réseau à l’ensemble du vignoble bordelais. Actuellement, ses trois pôles se concentrent sur la rive droite et l'Entre-deux-Mers, avec un siège administratif à Néac, et des antennes à Sainte-Magne-de-Castillon et Saint-Pierre d'Aurillac. En septembre prochain, une nouvelle filiale sera ouverte à Pauillac, au sein d’une jardinerie Gamm Vert (faisant partie du groupe Maïsadour). A terme, d’autres ouvertures sont envisagés dans le reste du vignoble pour assurer la proximité du distributeur avec les viticulteurs. Avec « l’objectif demain de devenir un acteur majeur sur l’ensemble des AOC de Gironde » pose Michel Desvignes.
Et si Maïsadour était un acteur viticole jusque-là discret à Bordeaux, l’ensemble Inovitis y représenterait déjà 10 % de la protection du vignoble (revendiquant la fourniture phyto de 12 000 hectares de vignes girondines). Avec dix conseillers viticoles, la plate-forme espère élargir rapidement cette assiette et se positionner sur l'accompagnement. Y compris dans le transfert de l'innovation.
Au-delà de la distribution, historique, de fournitures et l’offre de services (de l’assurance récolte aux ateliers de formation), Inovitis se veut une boîte à outils accélérant la transition du vignoble. « S’il s’était juste agi de distribuer des produits de protection et de réaliser des palissages, il n’y aurait pas eu besoin de créer une cellule technique » explique Stéphane Giry-Laterriere, le responsable technique d’Inovitis. Pour lui, le nouvel outil Inovitis doit aider les exploitants viticoles « à évoluer vers des pratiques encore plus raisonnées, sans prendre de risques », en réponse aux « craintes des consommateurs, qui s’expriment avec les récentes crises sanitaires et nous amènent à évoluer. Vous producteurs et nous distributeurs ».
En pratique, la filiale de Maïsadour annonce sa volonté de valider tout produit avant de le commercialiser*. En se posant les questions du fonctionnement technique et de la pertinence de son utilisation dans l’exploitation. « Prenons les capteurs NDVI. Ils permettent d’obtenir des cartes de vigueur intéressantes, mais dans la mesure où il n’existe pas encore d’épandeur couplé à un GPS, cela ne présente pas un grand intérêt dans l’immédiat » explique ainsi Stéphane Giry-Laterriere.
Très porté sur l’innovation, ce dernier laisse entendre quelques pistes de R&D pour Inovitis : des capteurs de la cicadelle dorée aux traitements par porteur électrique autonome, en passant par des interventions par drones (« à court terme, on peut envisager l’apport de granulés anti-limace quand les sols sont trop humides pour le tracteur. Ce n’est pas futuriste, on le fait déjà sur le maïs avec des trichogrammes contre la pyrale »).
* : Ce que revendiquent d’ailleurs certains de ses concurrents, comme Euralis pour n'en citer qu'un.
Le chiffre d’affaires d’Inovitis avoisine les 15 millions d’euros, quand l’ensemble Maïsadour atteint 1,5 milliard € (incluant les marques Comtesse du Barry, Delmas, Delpeyrat…). Fournissant 12 000 ha de vignes en pesticides, Inovitis réalise également 600 ha/an de palissage et déploit quarante stations météos sur le vignoble. Son porte-feuille réunit globalement un millier de produits.
A noter que la superposition des activités viticoles d’Agralia et de Maïsadour existe dans d’autres vignobles. Si le premier objectif d’Inovitis est son développement sur Bordeaux, le projet pourrait être un ballon d’essai pour d’autres régions.