ppelant à une sortie de l’Union Européenne, le référendum britannique du 23 juin dernier laisse un sentiment de gueule de bois à toute la filière des vins et spiritueux (voir encadré). Toute ? Non ! Car une poignée d’irréductibles optimistes luttent contre l’atonie ambiante et les prédictions de catastrophe économique. « Nous nous trouvons face à un nouveau chapitre de l’histoire de notre nation. Et sans le moindre doute, cela amènera des changements et des opportunités. La filière des vins du Royaume-Uni reste enthousiaste et optimiste sur son futur » estime ainsi un communiqué des Producteurs Anglais de Vin (l’EWP).
Alors que le cours de la livre-sterling a plongé après l’annonce du Brexit, la compétitivité des vins anglais a bondi se félicitent ouvertement quelques producteurs. « Quitter le Royaume-Uni est une grande opportunité pour la filière des vins anglais » estime le vigneron Richard Balfour-Lynn (Hush Heath, dans le Kent). Il espère notamment une réduction de la fiscalité anglaise sur les vins afin de soutenir les ventes de produits domestiques. « Cela pourrait bien dire que les prix des vins européens augmenteraient ici, alors que ceux anglais diminueraient » se projettent-ils déjà.
Les positions sont moins optimistes quand il s’agit d’export. « Si nous percevions que notre business était plus fort au sein de l’Union Européenne, nous allons maintenant travailler dur pour pérenniser nos réussites à l’export » annonce Tamara Roberts, PDG de Ridgeview Wine Estate. « Nous devons espérer que le gouvernement sera capable de négocier au mieux des accords de libre-échange sur les deux prochaines années et soutiendra ses producteurs locaux en marquant ses célébrations avec des vins effervescents anglais plutôt que des champagnes ! »
« L’essentiel de nos exports se fait à destination des Etats-Unis et du Japon, plutôt que vers l’Europe » pondère Richard Balfour-Lynn. « Il est donc peu probable qu’il y ait un fort impact sur l’expédition de nos vins premiums » conclut-il.
« Alors que nos membres se sentaient plus forts dans l’Union Européenne, nous allons travailler avec le gouvernement pour préserver l’accès au marché commun des vins et spiritueux anglais » annonce laconiquement Miles Beale, le directeur général de l’Association Britannique des Distributeurs de Vins et Spiritueux (la WSTA).
De l’autre côté de la Manche, le Comité Européen des Entreprises du Vin est également résolu à maintenir des relations commerciales privilégiées. Secrétaire général du CEEV, Ignacio Sánchez Recarte déclare que « le Royaume-Uni est le deuxième importateur mondial de vins dans le monde, en volume et valeur. Les vins européens comptent pour 50 % de ses importations. Cela ne fait pas de doute que le marché anglais est important pour l’Europe. »