es conséquences à court terme de la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne pourraient provenir de la parité monétaire euro-livre sterling : « Le seule chose que l'on peut pour le moment affirmer est qu'un affaiblissement de la livre aura très probablement un effet dépressif sur les achats, liés à une hausse des prix des importations et à l'inflation », indique Jean-Philippe Perrouty, du cabinet Wine intelligence. « Le problème immédiat pourrait être une glissade de la livre sterling face à l'euro », confirme Damien Leclerc, directeur de la cave la Chablisienne, qui génère 20% du chiffre d'affaires sur ce marché. Une hausse de prix qui pourrait s'accompagner d'une diminution du pouvoir d'achat des britanniques, tout au moins pour une partie de la population. «Le vin n'est en effet pas un produit de première nécessité et reste relativement cher, rappelle Jean-Philippe Perrouty. C'est aussi un marché où la consommation a tendance à se stabiliser », poursuit celui-ci.
« Mais tout ne va pas s'arrêter d'un coup, relativise Damien Leclerc. Une partie des consommateurs, qui ont un fort pouvoir d'achat, continueront d'acheter ». Le dirigeant s'attend donc à une érosion logique des ventes dans ce pays. La question restant maintenant de savoir de quel ordre : « 10, 20, 30 % » ? s'interroge celui-ci. Une perte de parts de marchés qu'il faut selon lui « anticiper ». « On sera encore plus à l'écoute qu'habituellement et concentrés sur les changements à venir ; nous suivrons les indicateurs macro-économiques et serons au plus près des marchés pour voir l'évolution des ventes », précise Damien Leclerc. Celui-ci a déjà prévu de rencontrer ses importateurs britanniques, dès la semaine prochaine, afin de recueillir leurs sentiments pour la suite.
A plus long terme, le Brexit pourrait aussi avoir des impacts sur l'économie britannique elle-même, actuellement « très dépendants de l'Union européenne ». Leur économie réelle est en effet essentiellement basée sur les services, la finance et les banques, des activités qui risquent d'être délocalisées ailleurs ; « c'est donc un pan entier de leur économie qui va être perdu », s'inquiète Damien Leclerc, qui s'interroge sur les conséquences pour les vins bourguignons dans leur ensemble, exportés en grande quantité dans ce pays.
En revanche, les répercussions sur les relations économiques entre les pays de l'Union européenne et le Royaume-Uni sont à ce jour totalement floues. Elles sont en effet directement dépendantes des futures négociations et décisions politiques qui seront prises concernant les accords commerciaux entre l'UE et la Grande-Bretagne. « Or à ce jour, personne n'en a la moindre idée, ni les gouvernements, ni les ministères », commente Jean-Philippe Perrouty. « On est face à l'inconnu et on ne peut quasiment rien faire », confirme Ignacio Sanchez-Recorte, de la CEEV. Une incertitude qui devrait durer encore au moins deux ans, le délai donné aux parties pour s'accorder sur les nouveaux traités qui géreront les relations entre les pays. « Si aucun accord n'est trouvé, le vin sera alors affecté car le Royaume-Uni fonctionnera comme un pays « tiers », avec toutes les conséquences induites sur les tarifs d'entrée et les droits d'accises, déjà élevés, qui pourraient encore augmenter », indique le secrétaire général de la CEEV.
La seule certitude reste que pour les années à venir, le commerce du vin au Royaume-Uni ne sera plus aussi « facile » que maintenant et va « se complexifier ». Les opérateurs français vont par ailleurs devoir évoluer dans un nouveau contexte « d'instabilité politique et économique, ce qui n'est clairement pas bon pour le commerce international », conclut Damien Leclerc.