’après les premières estimations, 150 hectares de vignes ont été ravagées la grêle sur les appellations Madiran (1 200 hectares plantés) et Pacherenc-du-Vic-Bilh (300 ha). « A cent mètres de distance, on a des dégâts allant de rameaux brisés à seulement quelques feuilles déchirés. Certains ont encore l’espoir de sauver leur récolte quand d’autres n’ont plus qu’à tailler pour le port de l’an prochain » rapporte Laurent Oustry, le directeur de la maison des vins de Madiran.
Les dégâts se sont concentrés dans les départements du Gers (communes de Maumusson-Laguian et Viella) et des Pyrénées Atlantique (Diusse, Mascaras, Portet…). Connu dans le vignoble, le couloir de grêle en cause provient directement des Pyrénées. « Il y a eu deux orages. Le premier, le soir du 27 mai, était sec, avec de petits grêlons à forte densité. Le second, le 28 mai, avait des grêlons de plus grosse taille » précise Laurent Oustry, qui souligne que les dégâts seront moindre qu’en 2007 ou 2008.
Le président de l'appellation, Paul Dabadie, estime que la vendange pourrait être réduite de 10 %. Mais, il reste serein quant à la commercialisation : " il n'y aura pas de rupture de stocks" assure-t-il. Cependant, l'équilibre de marché risque d'être légèrement tendu. 2013 a été une année de faibles volumes, 2014 est classée moyenne tandis que 2015 a marqué le retour des volumes. "Nous comptions sur 2016 pour consolider les stocks" explique Paul Dabadie qui rajoute : "nous commercialisons depuis deux ans davantage que la production". Dans ce contexte, la pression sur les prix pourrait-elle se faire sentir ? "Nous sommes déjà l'appellation la plus cher du Sud-Ouest, soit un cours moyen du vrac de 150 euros/hl. Nous essaierons de temporiser au maximum" assure-t-il.
Sur le front de la sauvegarde économique des exploitations face à ce coup dur, Paul Dabadie se veut confiant. "Nous achèterons de la récolte. Par ailleurs, en Madiran, nous avons une chance : l'essentiel des surfaces est assurée". Le taux de couverture est d'environ 90 %. Un cas rare dans le vignoble français.
Opération séduction pour le Madiran : quelques jeunes vignerons étaient à Paris le 30 mai pour porter un message : le style de l’AOC est en plein renouveau. Car l’image de vins lourds et tanniques, dominés par la sur-extraction, qui ont fait la renommée de l’appellation dans les années 90, colle à l’étiquette de l’AOC. « Mais Madiran, ceux sont aussi des vins élégants » martèle Paul Dabadie, président de l’appellation. Les techniques ont évolué tant au vignoble quand cave : vendange en vert, augmentation des densités de plantation, extraction douce… De quoi mettre en harmonie les profils des Madirans avec les palais modernes, avides de souplesse et de fruits. Et pour porter ce message, l’interprofession a choisi de mettre en avant de jeunes vignerons, porteurs de cette nouvelle approche : Céline Oulié, du Clos Les Mets d’âmes, Corine Lanyou du Château Peyros ainsi que plusieurs domaines de la Cave de Crouzeilles (Plaimont Producteur) comme les Vignobles Marie-Maria conduits par Clément Bousquet.