Notre boulot, c’est de fournir par la prestation des réponses aux besoins viticoles. Et pour la plupart des vignerons, il est plus cohérent de sous-traiter l’épandage d’une parcelle à risque que d’acheter des panneaux récupérateurs. A moins que le domaine ait 50 hectares en bordure d’écoles, mais c’est un autre problème » s’amuse Benjamin Banton, le dynamique gérant du prestataire Banton Lauret (Vignonet, Gironde).
Pour la prochaine campagne viticole, la PME a donc investi dans un second appareil de pulvérisation confinée, dédié au Médoc quand le premier s’est concentré sur les Graves et le Libournais. Comme l’outil acheté l’an dernier, il s’agit d’un Lipco de Clemens. Mais il est cette fois monté sur un enjambeur Tecnoma T120. Avec quatre roues, ce tracteur permet de supporter quatre panneaux et de traiter autant de rangs. Alors que l’outil acheté l’an passé ne pouvait en traiter que deux (le tracteur ayant trois roues).
« On va doubler le débit de chantier par rapport à l’autre matériel confiné, mais par rapport aux pulvés classiques, on ira toujours beaucoup moins vite » nuance Benjamin Banton. Qui précise que ce nouveau montage impose une hauteur de passage plus faible et des précautions supplémentaires pour négocier les tournières : « c’est pour ça qu’on le dédie au Médoc, plutôt qu’au Libournais ».


Pour la PME, cet appareil et son montage représentent une facture non négligeable : 50 000 euros. S’ajoute à ce coût la formation d’au moins deux chauffeurs. « On ne nous pousse pas à investir, les prestataires n’étant pas éligibles aux aides » regrette Benjamin Banton. L’entrepreneur répercute cet investissement sur les prix de sa prestation à panneaux récupérateurs, qui s’élève à 100-110 €/ha (quand elle est 60 à 70 €/ha pour un pulvé traditionnel).
Sur la campagne 2015, les panneaux récupérateurs de Banton et Lauret ont tourné sur 250 hectares de vigne de la rive droite.
A la veille de la campagne de traitements, les vignerons bordelais ont conscience qu’ils n’ont pas le droit à l’erreur dans le traitement de leurs parcelles à proximité d’écoles, habitations, hôpitaux, maison de retraite, stades… Ce 23 mars, lors du débat public sur les pesticides à Listrac-Médoc, un habitant de Léognan témoignait de cette attention source de tension. Il annonçait qu’il allait mettre des papiers hydrosensibles dans son jardin, et que si la moindre gouttes provenait du vignoble voisin, il s’empresserait de porter l’affaire devant la justice.