u Château Pontet-Canet, « les chevaux sont arrivés comme la seule réponse possible à la problématique du compactage des sols », résume Jean-Michel Comme, au détour d’une dégustation en primeur du millésime 2015. De nature discrète, le technicien confirme à ceux qui ne le croient pas que son objectif est, à terme, de travailler l’ensemble des 81 hectares de la propriété avec des chevaux de trait, contre la moitié des surfaces aujourd’hui, avec cinq meneurs dédiés à huit chevaux (deux percherons et six bretons).
Pour y arriver, Pontet-Canet doit accueillir, à terme, une quinzaine de chevaux. La construction d’écuries est en cours, les travaux devant s’achever courant 2017 pour accueillir 20 boxes. Ceci fait, il faudra encore trouver et former physiquement ces chevaux. Ce qui demandera immanquablement de nouveaux efforts, notamment économiques. Que Jean-Michel Comme élude : « Il est plus difficile de travailler avec des animaux qu’avec des tracteurs. Et il est encore plus compliqué de les posséder à la propriété. »
Mais le technicien ajoute immédiatement que les chevaux sont équipés d’un matériel moderne, spécialement conçu : « On n’est pas au XIXe siècle, notre but est d’être précis. » Ayant obtenu la certification en biodynamie en 2005, Jean-Michel Comme est habitué à être vu comme un gentil hurluberlu, au mieux idéaliste, au pire rétrograde. Sans se départir de son flegme, il martèle que ce choix s’inscrit « dans un raisonnement réfléchi, cohérent et dans l’intérêt de la vigne ».


Selon lui, le vignoble girondin est aujourd’hui en danger : « Quarante ans d’utilisation de tracteurs enjambeurs ont tassé la terre sur 50 centimètres. Il n’y a plus d’air et plus de microbes. En supprimant la cause, on pense décompacter, mais cela ne se fera que sur des années. De toute façon, un vignoble se gère à long terme. A fortiori, un grand cru classé. »
Passionné, Jean-Michel Comme se fait un point d’honneur à ne jamais donner de leçon. Et encore moins à se placer en exemple. « Nous ne sommes pas ambitieux, mais souhaitons arrêter d’agresser notre terroir. On cherche à avoir l’impact le plus neutre sur l’environnement », résume-t-il.
À noter que pour les préparations en biodynamie 500 (bouse de corne), la propriété élève également ses propres vaches. Ce cheptel de race bordelaise est actuellement constitué de deux vaches, d’un taureau et d’un veau.