a colère des vignerons méridionaux, qu’on sentait monter ces dernières semaines, s’est exprimée sur le terrain ce 4 avril au matin. A partir de 8h30, à l’appel du syndicat des vignerons de l’Aude, 150 viticulteurs de l’Aude et des Pyrénées Orientales, se sont retrouvés au péage du Boulou, proche de la frontière espagnole, pour contrôler les camions de vins en provenance d’Espagne. « C’est encore pire que ce que l’on imaginait. En deux heures, nous avons arrêté 5 camions. C’est un rythme infernal. C’est une véritable catastrophe », s’alarme Frédéric Rouanet, le président des vignerons de l’Aude.


La forte progression des importations espagnoles en 2015 avait déjà suscité une forte inquiétude, l’affluence des camions en ce lundi matin a soulevé la colère de la base. « Nous avons pris des échantillons de chacun de ces chargements. Nous voulons vérifier la traçabilité et la conformité de ces vins. Nous avons des doutes sur leur origine. N’auraient-ils pas été « européanisés » en Espagne ? C’est ce que nous voulons vérifier », assure le président du syndicat. Les viticulteurs méridionaux contestent de toute façon la conformité de ces vins. « Les Espagnols peuvent utiliser des produits phyto qui sont interdits en France. Ces vins ne sont donc pas conformes. Et puis il y en a marre de cette Europe qui laisse faire en créant des distorsions de concurrence entre les pays membres. Si les Espagnols vendent leur vin à 32 €/hl, c’est que les règles ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Nous en France, on ne peut pas vivre à ce prix-là », s’enflamme le syndicaliste.
L’exaspération des producteurs est telle que Frédéric Rouanet craint que cela ne dégénère. « Pour éviter les débordements, nous avons vidé le contenu des cinq camions », explique-t-il. 1250 hl partis au caniveau suffiront-ils à calmer les troupes ? Rien n’est moins sûr.