Les tannins sont denses et mûrs. Et malgré la prise de bois, le fruité reste marqué » se délecte un courtier. « L’équilibre est tonique, sans agressivité. C’est déjà un vin gourmand et suave »
note une journaliste. « Ça confirme la théorie des millésimes en cinq... Que je constate depuis 1975 ! » se réjouit un vigneron. Glanées sous les moulures rococo du Chapon Fin, ces commentaires de dégustation dessinent le bon millésime présenté ce premier avril par le syndicat des AOC Haut-Médoc, Listrac-Médoc, Médoc et Moulis. Promettant des cuvées plaisantes, cette dégustation annonce également la nouvelle température de la prochaine semaine des primeurs de Bordeaux.
Après un difficile millésime 2013, d’emblée mal-aimé, et la relative neutralité, pour ne pas dire froideur, ayant accueilli les vins 2014, le capital sympathie dont bénéficie la récolte 2015 détonne. Porté dès les vendanges par une bonne presse, ce millésime se place mécaniquement sous de bons auspices au moment de sa dégustation. « Les gens sont confiants dans ce millésime, les primeurs sont l’occasion de le conforter par la dégustation » estime Marie-Hélène Chanfreau (châteaux Fonréaud et Lestage).
« Après quelques millésimes difficiles, c’est l’occasion de renouer avec les prescripteurs et de rejouer la carte des primeurs » conseille Laurent Gapenne, le président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux. Il pronostique que, comme à chaque bon millésime bordelais, le panel des propriétés travaillant en primeur s’étendra. Que ce soit pour le négoce ou les clients particuliers (notamment européens).
Avec son profil prometteur, le millésime semble bien calibré pour séduire les critiques et, in fine, les consommateurs. Reste à confirmer cet élan d'intérêt par des tarifs incitatifs, préviennent les négociants. Annoncés courant mai, les prix fixés par les propriétés seront décisifs pour réenchanter les ventes en primeur.