près avoir connu une longue période de crise, l'appellation Grignan-les-Adhémar semble être désormais sortie de l'ornière. Plusieurs « indicateurs » sont en effet, progressivement, repassés « au vert » ces trois dernières années.
Côté production d'abord, avec un vignoble qui a changé de visage en quelques années, selon le président, tout juste élu, de l'ODG : « Il est en très bon état, bien entretenu, avec beaucoup de jeunes plantations, signe d'une meilleure santé économique des exploitations », constate Matthieu Rozel. Mais le vignoble a tout de même souffert. Un nombre conséquent d'exploitations a disparu, avec parallèlement une forte baisse des surfaces: elles sont passées de 3000 hectares en 2008 à 1800 hectares en 2015. Celles-ci sont désormais stabilisées. « Il ne reste que les domaines les plus motivés pour porter l'appellation, se satisfait Matthieu Rozel. Et nous envisageons pour l'avenir une reconquête des plus beaux terroirs avec de nouvelles plantations ».


Autre signe de la reprise : les stocks de vins dans les caves sont quasiment inexistants. « Toute la production est vendue dans l'année, et nous manquons de blancs, avec de fréquentes ruptures de stocks », indique celui-ci. Les vins sont par ailleurs de mieux en mieux valorisés, sur les marchés « bouteille » comme sur celui du vrac. Sur ce dernier, le cours moyen du rouge est passé de 65€ l'hectolitre en 2008 à 115€/hl actuellement. « Cela reste encore faible mais nous rattrapons notre retard, et surtout, nous arrivons à un seuil économiquement rentable pour la production ». Une progression directement liée au fait que le négoce s'intéresse de nouveau à l'appellation. « Il y a encore cinq ans, les opérateurs la boudaient. Mais depuis deux ans, on constate qu'ils s'engagent de plus en plus, de même que la grande distribution et l'export », constate Matthieu Rozel.
Sur le circuit CHR, l'intérêt est lui-aussi grandissant, avec une clientèle professionnelle qui évolue de plus en plus d'un niveau local à l'échelon national. « Nous avons aussi aujourd'hui des agents, des distributeurs qui nous contactent, car ils recherchent à ajouter notre appellation à leur carte. Cela fait plaisir ! ».
Mais ces résultats encourageants ne sont pas le fruit du hasard, selon le président de l'ODG. Ils ont été obtenus au prix d'efforts importants conduits par le syndicat et les producteurs, afin d'améliorer progressivement la qualité des vins. « Les voyants passent au vert petit à petit, avec la qualité comme base de travail », se félicite Matthieu Rozel. Pour y parvenir, l'ODG a initié en 2010, l'année même où a eu lieu le changement de nom, une nouvelle politique dans ce sens.
Les règles d'encépagement sur les exploitations ont été modifiées, avec l'obligation de détenir plus de 30% de chacun des deux cépages « les plus qualitatifs » et sur lesquels l'ODG souhaite « s'appuyer » : la Syrah et le Viognier, deux cépages qui « s'expriment très bien dans nos terroirs ». Autre modification : les rendements ont été abaissés en rouge, de 52 hl/ha à 45 hl/ha. Un contrôle qualité interne a aussi été instauré dès 2011, qui consiste à déguster, par un jury extérieur au vignoble, l'ensemble des vins de l'appellation avant leur mise en marché. Les vins présentant des défauts sont écartés. Une étude des différents terroirs de l'appellation a par ailleurs été réalisée, dont les résultats seront prochainement rendus. Ils permettront de connaître plus précisément les secteurs à « fort potentiel en blanc », non encore exploités. « Le Viognier s'exprime très bien sur nos terroirs. Il y a une carte à jouer sur les blancs », commente l'élu. Au vignoble, le désherbage total a été banni, et 30 % des surfaces sont désormais certifiées bio.
De gros efforts de communication collective sur l'appellation ont également été réalisés, depuis trois ans, auprès des professionnels, comme des particuliers : organisation de dégustations auprès d'acheteurs professionnels dans des grandes villes françaises, de «wine tours » dans le vignoble, de journées presse, création de kits pour les restaurateurs, mise en place de deux fêtes des vignerons l'été, de soirées gastronomiques, etc. Situé dans une région très touristique, le syndicat mise aussi sur l'oenotourisme pour poursuivre son développement. Il prévoit d'ici l'été 2015 de mettre en place une nouvelle charte afin d'encadrer les prestations payantes proposées par l'ensemble des domaines. Celles-ci seront recensées sur un nouveau site internet dédié, sur lequel les touristes pourront réserver directement.
« Nous avons un potentiel de développement intéressant avec beaucoup d'atouts, conclut le jeune président de l'ODG. Nous revenons de très loin, mais nous pouvons encore aller loin... »
•Surface en production : 1800 ha (surface aire appellation = 3000 ha) • Production annuelle (2015) : 58 299 hl • Couleurs : Rouge : 70 %, Rosé : 20 %, Blanc : 10 % • Rendement maximum : -Pour les rouges et les rosés : 45 hl/ha -Pour les blancs : 52 hl/ha •Commercialisation : 73 % des ventes effectuées en France. La part de l’export a presque triplé en 2015, pour atteindre 27 % contre 11 % en 2014. •Opérateurs : - 32 caves particulières - 8 caves coopératives - 2 vinificateurs - 2 unions de coopératives - 22 négociants